Quand on souhaite mettre en œuvre l’approche circulaire, s’intéresser à des projets exemplaires réalisés ailleurs peut nourrir la créativité. Les architectes Sudhir Suri, Laurie Lavallée et Marie-Ève Cantin présentent certaines de leurs sources d’inspiration.
Le pavillon Circl (Pays-Bas)
Le choix de Sudhir Suri
Construit au cœur du quartier des affaires d’Amsterdam, le pavillon Circl de la banque ABN AMRO a été conçu pour incarner l’adhésion de l’institution au concept d’économie circulaire. Achevé en 2017 à deux pas du siège social, il se veut un projet démonstrateur de cette approche novatrice.
Ainsi, le bois a été préféré au béton dans la structure, tandis que les planches ont été vissées, plutôt que collées, pour faciliter leur recyclage. « Même les poutres ont été surdimensionnées de manière à être plus facilement réutilisables en fin de vie », explique Sudhir Suri, qui a visité les lieux en 2018. Autres exemples : grâce aux jeans récoltés auprès du personnel de la banque, on a fabriqué un matériau insonorisant avec des fibres de denim, et l’équipe s’est associée à une entreprise locale de récupération de matériaux de construction pour maximiser la réutilisation.
Dans ce projet de l’agence Architekten Cie., la sélection des partenaires dépendait notamment de leur façon de s’approvisionner et de concevoir l’architecture circulaire. Aujourd’hui, le bâtiment et son square abritent des espaces réservés aux membres du personnel de l’institution financière et d’autres qui sont accessibles à la communauté, telle une salle de conférence offerte en location et mettant à l’horaire des événements en lien avec le développement durable.
Le bâtiment UP STRAW (Belgique)
Le choix de Laurie Lavallée
Situé à Namur, en Belgique, l’immeuble UP STRAW accueille les bureaux du Cluster Eco-construction, un organisme qui regroupe le milieu professionnel de la construction écologique de la Wallonie. « Ce projet utilise à la fois des matériaux biosourcés [c’est-à-dire d’origine animale ou végétale], locaux ou provenant de l’économie circulaire. C’est vraiment rare que l’on voie ces trois éléments réunis dans un même bâtiment », mentionne Laurie Lavallée.
Le bâtiment constitue une vitrine pour démontrer les avantages de la réutilisation de la paille comme isolant pour les murs extérieurs : il s’agit en effet d’une matière abondante, peu coûteuse et à faible empreinte écologique, car elle est locale, renouvelable, peu transformée et a une longue durée de vie. L’équipe de conception a également utilisé des demi-grumes de bois qui, collées les unes aux autres, servent à maintenir la paille dans les parois. Les cloisons renferment quant à elles un isolant qui valorise l’herbe coupée : le Gramitherm. L’immeuble fait aussi la part belle au recyclage, notamment à celui du papier, qui sert d’isolant acoustique.
Terminé en 2021, ce projet a été conçu par les firmes d’architecture Havresac, Homeco et helium3 Architectures et réalisé par le constructeur spécialisé en ossature de bois Mobic.
Le centre Selma Lagerlöf (Suède)
Le choix de Marie-Ève Cantin
À Göteborg, une petite ville de Suède, la firme White Arkitekter a réalisé pour le centre Selma Lagerlöf un design d’intérieur qui comporte 92 % de mobilier réutilisé. Il s’agissait d’une demande de la municipalité, maître d’ouvrage, qui voulait mettre de l’avant les principes de développement durable. Cela a en outre permis de réduire le coût des matériaux de 70 %. Le centre culturel abrite une bibliothèque, un théâtre et un café ainsi que des bureaux.
« Ce projet se démarque particulièrement par la qualité esthétique visuelle de l’ensemble », observe Marie-Ève Cantin. La firme a réussi à harmoniser des éléments disparates en apposant le logo Selma bien en vue sur les tables, les tabourets, les étagères et tous les éléments usagés intégrés au design d’intérieur du centre. Le caractère public du lieu en fait aussi une vitrine intéressante pour mettre en valeur ce type de design, estime Marie-Ève Cantin.