Kampung Admiralty, Singapour, WOHA Architects Photo : Patrick Bingham-Hall
Kampung Admiralty, Singapour,
WOHA Architects
Photo : Patrick Bingham-Hall

Ici comme ailleurs, les idées ne manquent pas pour concevoir des milieux de vie accueillants où les personnes âgées se sentent comme chez elles. La preuve par trois projets qui se sont démarqués ces dernières années.

Kampung Admiralty, Singapour

Un village vertical

Prototype de maison de retraite imaginé de concert par la firme WOHA Architects et plusieurs instances gouvernementales de Singapour, Kampung Admiralty, avec son intégration verticale, a de bonnes chances de faire école.

Dans une ville aussi densément peuplée que Singapour, la construction en hauteur s’imposait. L’objectif : créer un village contemporain – « kampung » signifie « village » en malais – au cœur de la cité. Ce choix d’aménagement fait toute la différence du monde, selon l’architecte Richard Hassell, cofondateur de WOHA. « Kampung Admiralty offre des solutions aux problèmes auxquels sont confrontées toutes les sociétés dont la population est vieillissante, explique-t-il. Les aînés y trouvent des logements abordables, de même que tous les services afin de continuer à mener une vie active. Il y a même une salle de sport en plein air et une ferme urbaine ! »

L’ensemble d’immeubles regroupe différents usages et services. Ainsi, au rez-de-chaussée, on trouve un accès au transport en commun, en plus d’une place publique surmontée d’une mezzanine où sont aménagés des restaurants et des boutiques. Une clinique et plusieurs services de santé occupent l’étage juste au-dessus. Enfin, 104 studios pour aînés sont aménagés dans deux tours en croix de 11 étages (45 m) coiffés de toits verts.

« Cette conception, qui optimise la lumière du jour et assure une ventilation transversale naturelle, permet aux personnes âgées de vivre directement “au-dessus” des services », décrit le cofondateur de WOHA.

Kampung Admiralty, Singapour, WOHA Architects Image : WOHA Architects
Kampung Admiralty, Singapour, WOHA Architects Image : WOHA Architects

Penser à la multiplicité des services

Les bâtiments en hauteur qui composent Kampung Admirality sont concentrés sur 0,9 acre (0,3 hectare). Richard Hassell y voit un exemple d’urbanisme tridimensionnel, un processus qui favorise la densité et l’optimisation de l’espace disponible.

« Ce mode de pensée nous permet de voir la ville comme un bâtiment géant où les citoyens peuvent vaquer à leurs occupations sans avoir à trop s’éloigner de chez eux, poursuit l’architecte. C’est exactement ce que propose Kampung Admiralty : au lieu de se déplacer horizontalement entre les différents quartiers de la ville pour faire leurs courses, consulter un médecin ou manger au restaurant, les habitants peuvent tout faire en prenant l’ascenseur. » 

L’espace piétonnier aménagé au rez-de-chaussée est devenu le cœur de la communauté. « Le marché aux puces et les nombreuses activités qui y sont organisées attirent des personnes de tous âges et de tous horizons, ce qui contribue à l’intégration des aînés dans le quartier, continue Richard Hassell. De même, le parc sur les toits et la ferme urbaine sont ouverts à tout le monde, afin de favoriser les liens intergénérationnels. »

Chose certaine, la démarche a frappé dans le mille : un récent sondage indique que les résidents et résidentes de Kampung Admiralty feraient partie des gens les plus heureux au pays. Pas étonnant que le Conseil de développement du logement de Singapour ait déjà annoncé la construction de projets qui s’inspireront de celui-ci aux quatre coins de l’île sud-asiatique !


Future Sølund, Copenhague

La force de l’intergénérationnel

Future Sølund, Copenhague, C. F. Møller Architects et TREDJE NATUR Images : C.F. Møller Architects et TREDJE NATUR
Future Sølund, Copenhague, C. F. Møller Architects et TREDJE NATUR
Image : C.F. Møller Architects et TREDJE NATUR

Avec plusieurs mois de retard, le chantier du Future Sølund, un concept urbain multigénérationnel encore jamais vu au Danemark, a finalement été lancé cet hiver. Le vaste ensemble, avec ses 360 logements pour personnes aînées, de même que ses 150 résidences destinées à des familles et à des étudiants et étu­diantes, a été conçu comme un véritable nouveau quartier dans la ville par les deux firmes d’architec­ture qui ont collaboré au projet, C.F. Møller Architects et TREDJE NATUR.  

« Nous voulons créer une communauté visionnaire où chaque génération trouve sa place », explique Flemming Rafn Thomsen, architecte et cofondateur de TREDJE NATUR. Ainsi, certains bâtiments désuets de Nørrebro, aujourd’hui l’un des quartiers les plus dynamiques et multiculturels de Copenhague, seront remplacés d’ici 2025 non seulement par des immeubles d’appartements pour les jeunes et les moins jeunes, mais aussi par un centre de soins pour les personnes âgées, lequel avoisinera une garderie, un café et des boutiques, notamment.

À l’intérieur de la maison de retraite, oubliez les longs couloirs monotones et imaginez plutôt une succession d’espaces communs auxquels on accède par des entrées en niches. D’après les concepteurs, cet aménagement favorisera les rencontres entre voisins tout en maximisant l’apport de lumière naturelle. Le recours au bois pour certains revêtements intérieurs et extérieurs donnera en outre de la chaleur au bâtiment.

Un milieu de vie en pleine nature

L’équipe de conception a d’ailleurs porté une attention particulière à la nature environnante et s’est employée à la mettre en valeur. « Par exemple, nous avons conçu un bâtiment autour d’un vieux ginkgo biloba, un arbre qui peut vivre des centaines d’années, [et ce spécimen est] un emblème dans le quartier, explique Flemming Rafn Thomsen. Il deviendra l’élément central d’une des cours intérieures. »

Érigé à un jet de pierre des lacs de Copenhague et de leurs très fréquentés sentiers, le Future Sølund met l’accent sur l’aménagement paysager, avec ses trois cours intérieures d’une superficie totale de 14 000 m2 et son terrain de jeux. Les toits ont aussi la capacité d’accueillir des jardins publics, qui pourraient être ouverts au voisinage en toute saison.

« Nous pensons que les espaces communs, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du bâtiment, sont extrêmement importants, souligne l’architecte. C’est pourquoi nous avons voulu créer des espaces extérieurs attrayants, où les résidents de tous âges peuvent se croiser, discuter et s’entraider. »

L’architecte ne néglige pas non plus les effets positifs – bien documentés – de la nature sur la qualité de vie. « C’est prouvé scientifiquement : le contact avec la nature réduit le niveau de stress, affirme-t-il. Plus il y a d’arbres, de plantes et d’espaces verts dans nos villes, mieux c’est. »


Mission Creek Senior Community, San Francisco

Un projet communautaire

Mission Creek Senior Community, San Francisco, HKIT Architects Photos : HKIT Architects
Mission Creek Senior Community, San Francisco, HKIT Architects Photo : HKIT Architects

Dans Mission Bay, un ancien quartier industriel réhabilité de l’est de San Francisco, une maison de retraite à loyer modique a été érigée en 2006 aux côtés d’immeubles d’habitation huppés et de centres de recherche, en bordure du canal du même nom. Quinze ans plus tard, force est d’admettre que ce milieu de vie mis sur pied par la San Francisco Redevelopment Agency (SFRA) et l’organisme Mercy Housing California, avec le concours de la firme HKIT Architects, demeure un modèle du genre et s’intègre harmonieusement à son environnement.

Mission Creek Senior Community réunit dans un même ensemble 140 logements pour aînés, un centre de soins, des bureaux, des commerces de proximité et une antenne de la bibliothèque de San Francisco, en plus d’offrir des jardins sur les toits et un accès facile à différents modes de transport en commun. « Le projet a été conçu pour fournir des logements abordables aux personnes âgées dans le besoin ainsi que des soins de jour sur place, et ce, dans un secteur où les loyers sont extrêmement élevés », résume HKIT Architects dans sa présentation du projet.

Même si les résidents et résidentes ont besoin de soins de santé ciblés, les appartements et aires communes de l’immeuble ont été aménagés pour qu’ils et elles s’y sentent comme à la maison. Dans un souci de maximiser la luminosité naturelle dans les appartements, les pièces à vivre et la chambre à coucher sont séparées par des cloisons translucides. Tout l’immeuble est d’ailleurs abondamment fenestré, répondant ainsi aux exigences spécifiques de la SFRA, qui voulait en faire « un exemple d’excellence en matière de conception de logements abordables ».

L’aménagement extérieur tient aussi compte de l’exposition au soleil : orientés au sud, les espaces publics sont adjacents au parc situé au bord du canal et à la promenade qui le longe.

Miser sur le développement durable

Bien que la conception du projet remonte à plus de 15 ans, elle a été guidée par des préoccupations environnementales. Ainsi, l’emplacement choisi, au cœur d’un quartier où se trouvaient une gare de triage et des entrepôts, impliquait le réaménagement d’un terrain contaminé.

Mission Creek Senior Community comprend entre autres un système de panneaux solaires photovoltaïques d’une puissance totale de 40 kW, ce qui réduit sa consommation électrique d’environ 10 %, selon Mercy Housing California, qui gère toujours l’immeuble. De plus, les jardins, qui consomment peu d’eau, sont alimentés à partir d’eau recyclée provenant du bâtiment.

D’autres stratégies vertes éprouvées, telles que la centralisation des systèmes mécaniques, l’utilisation d’un éclairage à faible consommation d’énergie et le choix de matériaux recyclés ou recyclables dans la mesure du possible, contribuent en outre à limiter l’empreinte écologique du bâtiment.

Autant de raisons qui font de Mission Creek Senior Community un refuge urbain où il fait bon vivre.