Des architectes qui ont travaillé avec les peuples autochtones offrent ces conseils à leurs confrères et consœurs tentés par de tels projets, qui sont avant tout de grandes aventures humaines.
À quoi s’attendre et comment se préparer ?
« Chacune des Premières Nations du Québec a sa façon d’occuper le territoire. Chacune a aussi des réalités financières propres. Certaines sont plus en mode survie, alors que d’autres ont leurs propres gouvernement et institutions. Il faut tâcher de savoir quelle est la situation de celle avec laquelle on s’apprête à travailler. Pendant longtemps, elles ont vu défiler sur leurs territoires des gens qui recueillaient des données et rédigeaient des rapports, mais qui n’apportaient rien de concret… Mais elles ont toutes la volonté d’améliorer leurs conditions de vie. »
– Guillaume Lévesque, architecte
« La première étape est de chercher à les comprendre, en menant un travail de recherche préparatoire approfondi sur la culture concernée à l’aide de sources autochtones et de références sérieuses, issues de disciplines connexes à l’architecture. Il faut ensuite les écouter, jeunes et aînés, en faisant une large place à leurs histoires, leurs savoir-faire, leur ingéniosité et leurs visions de l’avenir. »
– Geneviève Vachon, architecte et professeure à l’École d’architecture de l’Université Laval
Comment composer avec le rapport autochtone au temps ?
« Construire en région nordique implique souvent une planification à très long terme. Pour les architectes, cela veut dire consulter les membres de la communauté et accompagner les clients pendant un processus qui peut s’échelonner sur plusieurs années. »
– Marc Blouin, architecte, Blouin Orzes architectes
« La prise de décision ne se fait pas forcément en fonction de l’échéancier établi. Il ne faut pas arriver là avec notre rythme d’Occidentaux. Les Autochtones ne gèrent pas leur temps à la minute, mais plutôt à la journée et même à la semaine. Les projets ont tendance à s’allonger. »
– Guillaume Lévesque
Comment composer avec le manque de main-d’œuvre locale, par exemple dans les villages nordiques du Nunavik ?
« L’une des solutions est de former les gens sur place. Nous nous appuyons aussi beaucoup sur les techniques de préfabrication. Elles permettent d’accélérer le processus de construction, un aspect important des chantiers dans le Nord, où les ouvriers doivent être protégés du froid le plus tôt possible dans le processus, compte tenu du climat extrême. »
– Marc Blouin
Comment se renseigner sur les droits des Autochtones ?
« Il faut lire la . Le Canada a beaucoup tardé à l’adopter. Il faut aussi lire les , et trouver des façons de les appliquer dans sa propre pratique professionnelle. La reconnaissance des terres, c’est bien, mais ce n’est qu’un début. »
– Eladia Smoke, architecte principale et fondatrice, Smoke Architect
Comment concevoir des projets respectueux des cultures autochtones ?
« Consulter et impliquer les Autochtones à chaque étape d’un projet, voilà la clé pour construire des environnements qui seront appréciés, parce que les gens s’y reconnaîtront. Tout est dans le processus. S’il est bien mené, les gens vont aimer le résultat. »
– Eladia Smoke
Formation : Sensibiliser les architectes aux cultures autochtones
La communauté architecturale a désormais accès à un certificat de formation continue visant la découverte des cultures autochtones. Intitulé Le parcours : votre voyage au sein du Canada autochtone, ce programme est offert en webinaire par l’Institut royal d’architecture du Canada (IRAC).
L’activité de formation comprend des vidéos et des questionnaires mis au point par des spécialistes issus des trois peuples autochtones nommés dans la Constitution canadienne, soit les Premières Nations, les Inuit et les Métis.
Les participantes et participants pourront parfaire leurs connaissances sur les différences culturelles et historiques entre ces trois peuples, sur les relations entre le Canada et les Autochtones, de même que sur les réussites sociales et économiques et sur les notions de réconciliation et de résilience. Il y sera aussi question de communication interculturelle en milieu de travail et de manières de renforcer les relations avec les peuples autochtones.
Concrètement, l’activité de formation, créée par l’IRAC en collaboration avec l’entreprise autochtone NVision Insight Group, est constituée de cinq modules à consulter à son rythme, pour une durée totale de quatre ou cinq heures.
« Il est de notre responsabilité de bâtir des relations avec les peuples autochtones fondées sur la reconnaissance des droits, le respect, la coopération et le partenariat », a souligné par voie de communiqué John Brown, architecte et président de l’IRAC, qui souhaite que l’ensemble de ses membres s’inscrivent à cette formation. « Nous devons en apprendre davantage sur la culture, l’histoire et les langues autochtones pour en arriver à une compréhension commune et ouvrir la porte à des relations respectueuses. »
Lancé en juin dernier à l’occasion du Mois national de l’histoire autochtone, ce programme de formation est offert en français et en anglais, au coût de 145 $ (100 $ pour les membres de l’IRAC). (Jessica Dostie)
Information : [email protected]
Inscriptions (onglet Magasin)