Opéra, théâtre, science... Au royaume des sujets souvent négligés par les médias – et par la population en général –, l’architecture se trouve en bonne compagnie. Trois intervenants expliquent comment ils réussissent à jeter une certaine lumière sur leur domaine.
Même si elle constate que les musées battent des records de popularité à l’échelle du globe, Nathalie Bondil ne se repose pas sur ses lauriers pour autant. La directrice du Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) multiplie les actions pour attirer un public toujours plus grand.
« On doit offrir un programme pertinent qui va au-delà de l’histoire de l’art, qui est lié à l’actualité ou aux enjeux contemporains, estime-t-elle. L’art ne parle pas qu’un seul langage, celui des spécialistes, il est polyglotte. »
Pour atteindre cette interdisciplinarité, le MBAM a notamment monté des expositions dans lesquelles les oeuvres dialoguent avec la musique, la sociologie ou encore l’art-thérapie. La salle Bourgie accueille de son côté plus d’une centaine de concerts par année. Le septième art s’invite également au musée, puisque l’établissement de la rue Sherbrooke compte désormais une salle de cinéma.
« Le musée devient un lieu où l’on peut à la fois visiter des collections permanentes, se faire du bien et même se soigner puisqu’on a lancé les prescriptions muséales MBAM-MFdC [depuis novembre, les membres de Médecins francophones du Canada peuvent prescrire à leurs patients des visites gratuites au MBAM pour leur faire profiter des bienfaits de l’art sur la santé]. C’est une façon d’élargir notre offre au public. Il ne s’agit pas d’être démagogique, mais de travailler différentes approches. Il faut saisir ce que dit un sujet du point de vue des arts visuels, mais aussi de la société, de la musique, de l’engagement social, etc. », explique Nathalie Bondil.
Toucher les gens
Cet effort d’accessibilité est partagé par le Dr Alain Vadeboncoeur. L’urgentologue de l’Institut de Cardiologie de Montréal s’évertue à aborder des thèmes qui interpellent les gens au quotidien. « Il n’y a pas de magie là-dedans, concède-t-il. J’utilise différentes plateformes pour assouvir mon besoin d’écrire, que ce soit mon blogue, le magazine L’actualité ou les réseaux sociaux. Je me fais un devoir de répondre aux personnes qui posent des questions sur mes propos, ce qui me permet de poursuivre et d’approfondir la discussion. »
Le médecin chouchou des médias encourage d’ailleurs les architectes à prendre la parole. « J’ai l’impression que peu d’architectes osent intervenir sur la place publique. Au-delà de l’action, ils doivent trouver un angle qui touche notre vie de tous les jours. »
Sylvie Bernier a pour sa part fait des saines habitudes de vie son cheval de bataille. Pour attirer l’attention sur le sujet, elle s’inspire de ce qui a été fait avec le développement durable. « C’est la théorie des petits pas. Il faut sensibiliser un individu, un groupe à la fois. » Parce qu’elle croit qu’il faut éviter le cloisonnement et travailler de concert avec le plus de gens possible, la championne olympique a rencontré des urbanistes, des élus et des professionnels de la santé pour les rallier à sa cause.
Interdisciplinarité, sujets du quotidien et interventions publiques : au fond, la recette n’a rien de sorcier. À la communauté architecturale de l’essayer.