Fièrement dressé à l’entrée du Campus Premier Tech, à Rivière-du-Loup, le bâtiment Olympe a été conçu afin de répondre à un besoin pressant : loger des centaines de travailleurs. C’est à BMD Architectes qu’a fait appel la multinationale québécoise spécialisée dans les domaines de l’horticulture, de l’agriculture, de l’emballage et du traitement des eaux.
À l’automne 2016, la direction de Premier Tech a confié à l’architecte Simon Pelletier-Boucher et à son équipe chez BMD Architectes le mandat de concevoir un bâtiment esthétique offrant des espaces de travail ouverts et conçu pour maximiser le bien-être des employés.
Un contexte exigeant
Si la commande peut paraître courante, sa réalisation a représenté un réel défi. Alors que le temps pressait et que le budget était limité, le programme a fait l’objet de nombreux changements en cours de route. Les caractéristiques géographiques du site ont également complexifié la conception et le chantier. « Nous construisions dans une tourbière, sur un sol instable, sans capacité portante. Nous ne pouvions pas circuler sur le site avec la machinerie, car les camions s’enlisaient, explique l’architecte Simon Pelletier-Boucher. Et comme le terrain est dénudé, le bâtiment est exposé aux grands vents, ce qui exerce beaucoup de pression sur les façades et la toiture. De plus, Rivière-du-Loup est située dans la pire zone sismique du Québec. »
L’architecte a donc multiplié les stratégies afin de composer avec les éléments naturels tout en gagnant du temps. « Pendant l’hiver, nous avons profité du fait que le sol était gelé pour installer les pieux. Les travaux ont débuté alors que les plans n’étaient pas encore terminés », raconte-t-il.
Pour éviter que le béton s’affaisse sous son propre poids dans le sol mou, les architectes ont opté pour des fondations préfabriquées qui ont été fixées aux têtes des pieux. Une dalle structurale a ensuite été coulée sur ces fondations. Alors que les forts vents ont nécessité un grand contrôle d’exécution et de nombreux calculs, le risque de séisme a forcé les architectes à contreventer les plafonds suspendus et les éléments de mécanique du bâtiment.
Le bien-être du personnel en priorité
Ce processus laborieux a abouti à un bâtiment rectangulaire de 6408 m2 qui dynamise l’ensemble industriel de Premier Tech. Composée à 40 % de fibrociment et à 60 % de verre et d’aluminium, l’enveloppe a été conçue de manière à maximiser l’éclairage naturel. « Nous avons travaillé très fort afin de concevoir des murs rideaux d’une grande qualité. Nous avons sélectionné du verre qui favorisait la pénétration de la lumière tout en contrôlant les gains thermiques et le coefficient d’éblouissement », précise l’architecte.
Sensible aux exigences de l’entreprise en forte croissance qu’est Premier Tech, l’équipe de BMD Architectes a proposé des espaces intérieurs flexibles qui pourront s’adapter aux besoins futurs de l’organisation. Par exemple, certains murs sont amovibles. Sous ceux-ci, les planchers sont continus et les tapis ne sont pas collés.
Les vastes espaces de travail ouverts, épurés et lumineux, ont été garnis de plantes. Au centre de l’édifice, plusieurs petites salles permettent de travailler seul ou en équipe. Le bâtiment Olympe comporte aussi de nombreux coins détente, deux comptoirs à café et à nourriture, un vestiaire à bottes drainé ainsi que des douches.
Comme le révèle ce dernier élément, favoriser l’activité physique faisait partie des souhaits du client. Ainsi, tout a été mis en place pour que les usagers choisissent l’escalier le plus souvent possible. « Les cages d’escaliers sont agréables, larges et abondamment fenestrées, tandis que l’ascenseur n’est pas vitré et est relativement lent », dit Jean-Pierre Bérubé, vice-président infrastructures chez Premier Tech.
Un niveau sonore surprenant
Le client est agréablement surpris de l’acoustique contrôlée de ce nouvel environnement de travail. « Ce qui nous faisait le plus peur au départ, c’était le bruit ambiant. Mais au final, c’est plus tranquille que dans nos autres bâtiments », assure Jean-Pierre Bérubé. Une qualité qui s’explique par l’implantation d’un système de masquage sonore et l’installation de surfaces qui atténuent le bruit ainsi que par l’insonorisation des espaces fermés.
Occupé depuis le mois d’août 2018, le bâtiment fait le bonheur de ses usagers. « Dès la première semaine, on a eu beaucoup de félicitations des employés. Les gens sont visiblement heureux de travailler ici », affirme le vice-président.
Commentaires du jury
Alors que les occasions pour les architectes de pratiquer hors des grands centres se font rares, le jury a voulu mettre en lumière ce projet réalisé à Rivière-du-Loup. Malgré les brefs délais d’exécution pour celui-ci, l’ensemble exprime beaucoup de caractère et traduit une réflexion architecturale sensible à l’expérience des usagers. L’aménagement intérieur fait le pari de disposer les bureaux à cloisons basses près des fenêtres dans le but d’offrir aux employés une abondante lumière naturelle et de larges vues sur l’extérieur, reléguant les espaces cloisonnés au cœur des étages. Cet édifice se démarque par un travail attentif des concepteurs sur les jeux de lumière et par sa signature distinctive.
LIEU
Rivière-du-Loup
CLIENT
Premier Tech
ARCHITECTES
BMD Architectes inc. : Simon Pelletier-Boucher, Christine Caron, Fatima Zahra Karmouche, Pierre Mercier
Conception préliminaire : Atelier 5 inc.
INGÉNIERIE
Structure : Laplante Saucier
Ingénieurs-conseils
Mécanique : Therméca
ENTREPRENEUR-GÉRANT DE PROJET
Norda Stelo
STRUCTURES D’ACIER
Les Aciers Coudibec