Le Complexe des sciences du campus MIL de l’Université de Montréal se démarque par ses espaces communs invitant à la collaboration. Grâce à ses volumes bien implantés et à sa fenestration abondante, ce bâtiment LEED Or est devenu un lieu apprécié de la communauté universitaire et de la population qui vit autour.
Photos : Stéphane Brügger
Il fallait créer des liens à la fois entre les différents usagers du campus, et entre trois secteurs disparates [les quartiers Outremont et Parc-Extension et la ville de Mont-Royal] autrefois séparés par une fracture urbaine, l’ancienne gare de triage », explique Anik Shooner, architecte associée chez Menkès Shooner Dagenais LeTourneux, cabinet chargé de concevoir le complexe, en consortium avec Lemay et NFOE Architecture. Le recteur de l’Université de Montréal à l’époque, Guy Breton, souhaitait aussi aménager un campus urbain différent de celui sur la montagne, qui est quelque peu isolé, ajoute-t-elle.
« Les architectes ont bénéficié de beaucoup de liberté d’action, précise Alain Boilard, directeur général des projets majeurs d’infrastructure à l’Université de Montréal. Plusieurs ont été formés chez nous, d’ailleurs. Leur concept nous a beaucoup plu, notamment l’idée de pousser au maximum la luminosité naturelle : ce pavillon donne le goût aux usagers de le fréquenter. Il traduit l’idée d’un campus ouvert sur la communauté. »
Le projet de 60 000 m2 ne manquait toutefois pas de défis. Il fallait concevoir un pavillon aux volumes impressionnants, à construire directement au-dessus d’une station de métro, prévoir des locaux écoénergétiques, respecter les règles strictes d’urbanisme de l’arrondissement d’Outremont pour ce site et obtenir une certification LEED Or.
« Le projet de départ n’incluait pratiquement aucun espace commun, se souvient Anik Shooner. Il y a eu un remue-méninges impliquant la direction, des professeurs et des étudiants : tous ont convenu qu’il fallait tisser des liens entre les quatre départements que devait loger le complexe, peu habitués à collaborer (chimie, physique, sciences biologiques, géographie), ainsi qu’avec la communauté environnante. »
À partir de cette réflexion collective, les architectes ont imaginé un pavillon en deux parties, jointes aux étages inférieurs par une bibliothèque aux grandes baies vitrées. Une promenade bleue – couleur de la ligne de métro située sous le site – traverse le campus en passant au-dessus de la bibliothèque et entre des jardins encastrés.
Se muant en une passerelle franchissant des voies ferrées, la promenade permet d’établir une liaison avec les secteurs voisins. « On a ainsi créé un milieu de vie isolé des chantiers de construction et des agrandissements éventuels », résume l’architecte. [Le complexe accueillera de nouvelles ailes, tandis qu’une école primaire et une maison de l’entrepreneuriat seront construites sur le campus.]

De nombreuses contraintes
Anik Shooner explique qu’il a fallu composer avec les exigences élevées de la certification LEED. « Un projet comme celui-ci, avec de nombreux laboratoires qui requièrent une grande quantité d’air neuf, ça demande de la créativité pour obtenir les économies d’énergie nécessaires. Cet aspect a exigé une grande collaboration entre les architectes et les ingénieurs afin d’arriver à une solution intégrée, tant en ce qui concerne la volumétrie de l’immeuble que le choix des systèmes mécaniques, l’isolation du bâtiment, le contrôle des gains thermiques, etc. »
Alain Boilard a d’ailleurs pu le constater : « Je suis ingénieur mécanique de formation et je souligne que nous avons travaillé main dans la main avec une équipe de rêve. »
Liens avec l’extérieur

Par sa forme, sa volumétrie, la qualité de ses espaces intérieurs et extérieurs, et, surtout, par ses espaces communs, le pavillon encourage les 2400 personnes qui y travaillent ou y étudient à se rencontrer et à communiquer leur savoir. La lumière naturelle qui pénètre jusqu’au cœur du bâtiment et qui varie selon le moment de la journée y est pour beaucoup. « Quand j’ai vu le soleil baigner les marches de l’agora de bois et les gens qui souriaient, ç’a été comme une confirmation de la pertinence du concept sur lequel nous avions travaillé si fort », dit Anik Shooner.
« Encore mieux, les résidents voisins se sont approprié les lieux et prennent de nombreuses photos des couchers de soleil, qui se reflètent sur les murs », conclut l’architecte avec amusement. ●
Commentaires du jury
Pièce maîtresse de la réhabilitation de l’ancienne gare de triage d’Outremont, cet ambitieux projet dote l’Université de Montréal de nouveaux espaces de recherche et d’enseignement lumineux, diversifiés et stimulants. Le jury a salué les plans remarquablement clairs et cohérents par lesquels les architectes ont su matérialiser la vision du client à différentes échelles, de l’aménagement urbain jusqu’au mobilier.
■ Livraison 2021
■ Emplacement Montréal
■ Maîtrise d’ouvrage Université de Montréal
■ Architecture Menkès Shooner Dagenais LeTourneux | Lemay | NFOE Architecture
■ Responsabilité du projet Anik Shooner
■ Architecture de paysage Projet Paysage
■ Ingénierie des structures et civile SDK et associés
■ Ingénierie mécanique-électrique Consortium Bouthillette Parizeau | Pageau Morel | SNC-Lavalin
■ Entrepreneur EBC
■ Gestionnaire de construction Decasult