L’architecte Étienne Bernier, lauréat du prix Relève en architecture de l’OAQ, se démarque depuis une dizaine d’années par des réalisations ludiques, humaines et chaleureuses, à la frontière de l’architecture, de l’art et du design.
Enfant, Étienne Bernier savait déjà ce qu’il voulait faire quand il serait grand. Accompagnant son père, électricien, sur les chantiers de construction, il se rappelle la fascination qu’exerçaient sur lui les plans d’architecture, maculés de traces de doigts et de poussière. « J’aimais regarder les plans qui traînaient et essayer de les comprendre », se souvient-il. Il aimait l’art. Il aimait le dessin. Devenir architecte coulait de source.
Un choix judicieux. La firme qu’il a fondée à Québec en 2012, Étienne Bernier Architecture, est aujourd’hui une entreprise florissante employant une vingtaine de personnes. Elle a brillé en remportant de nombreuses distinctions, dont deux Best of Canada, octroyés par le magazine Canadian Interiors, cinq Mérites d’architecture de la Ville de Québec et le Prix de la relève aux Grands Prix du Design 2015.

Transdisciplinarité
Ce qui émane des réalisations d’Étienne Bernier, c’est cette volonté de se positionner à l’intersection de l’architecture et de l’art, à la manière d’Ólafur Elíasson, l’artiste danois qu’il cite comme l’une de ses inspirations.
« Mon approche vient d’une intention d’avoir du plaisir, dit-il. L’architecture est un sujet qui peut avoir l’air sérieux. J’essaie de briser cette impression. Souvent, j’aborde un projet en me demandant s’il me procurerait du plaisir si j’étais enfant. »
C’est pour cette raison qu’il a mis sur pied en 2010 le collectif de création architecturale PLUX.5, qui explore diverses formes d’œuvres d’art et d’installations éphémères. Parmi les quatre amis qui sont à l’origine de ce collectif figure Marianne Charbonneau, aujourd’hui la compagne d’Étienne Bernier et son associée au sein du cabinet d’architecture.
Quelques mois après sa fondation, en 2011, le collectif remportait le Prix du public au Festival des Architectures Vives à Montpellier, en France, pour la pétillante création Ma cour dans ta cour, une tête d’orignal composée de ballons d’eau.
« J’ai travaillé sur plusieurs projets avec PLUX.5, et ce qui m’a touché du travail d’Étienne, c’est son aspect ludique et son interactivité. C’est de l’architecture vivante ! Il crée des paysages qui donnent envie de les toucher, de les habiter », affirme Alexander Reford, directeur des Jardins de Métis, à Grand-Métis, qui a appuyé sa candidature.
Un parti pris pour la nordicité
Si Ginette Gadoury a, elle aussi, soutenu la candidature d’Étienne Bernier, c’est d’abord parce qu’elle admire son travail. « J’aime son approche, qui répond à notre situation de pays nordique, dit la coprésidente de l’agence PID, qui se consacre à la promotion du design et de l’architecture. Ce n’est pas une mode pour lui, ça lui vient naturellement. »
En effet, Étienne Bernier est reconnu pour l’esthétique nordique de ses créations. L’architecte, qui a vécu un peu plus d’un an au Nunavik au début de sa carrière, dit avoir été profondément marqué par l’expérience. « Je me promenais de village en village et je me sentais chez moi, dans mon pays, même si je n’avais jamais rien vu de tel ! On a des racines nordiques. On réalise que ça fait partie de notre ADN », explique-t-il.


Un esprit généreux
Ginette Gadoury tient également à souligner les qualités humaines de l’architecte. « Il est d’une gentillesse hors du commun. Il est très généreux de son temps avec la relève. C’est exceptionnel chez lui », s’exclame-t-elle.
Cette générosité d’esprit constitue aussi une qualité importante pour Alexander Reford. « Je travaille avec beaucoup d’architectes que j’admire, et leur travail est souvent centré autour d’un seul individu. L’approche d’Étienne, au contraire, est très collaborative, presque dépourvue d’ego. L’équipe est primordiale pour lui », dit-il.
D’ailleurs, Étienne Bernier mentionne le rôle qu’a joué le reste de son équipe dans son parcours, à commencer par sa conjointe, Marianne Charbonneau. « Elle est tellement importante ! Le prix devrait nous revenir à tous les deux, et à tout le bureau », affirme-t-il.Leurs objectifs pour les années à venir ? « Faire grandir notre pratique et la diversifier. J’aimerais entreprendre des projets plus complexes, plus forts, mais aussi continuer d’en exécuter de plus petits. Nous ne voulons pas réaliser le même genre de projets à la chaîne. Cette diversité est essentielle pour nous. »