Faire rayonner les talents québécois tout en réinventant le métier de relationniste : voilà le tour de force réussi par Julie Payette, lauréate du prix Ambassadeur de la qualité en architecture de l’OAQ. Depuis plus de 30 ans, la communicatrice propulse les réalisations des architectes et designers d’ici sur les tribunes du monde entier.
Celle qui a grandi dans une famille sensible à l’art – sa mère était designer d’intérieur, son père, photographe – a été danseuse professionnelle avant de s’orienter vers la communication.
« C’était une danseuse téméraire et audacieuse, capable de performances vertigineuses », se souvient Georges Adamczyk, professeur titulaire à l’École d’architecture de l’Université de Montréal, qui a vu Julie Payette danser avant de collaborer avec elle, des années plus tard, notamment lorsqu’il a dirigé le Centre de design de l’UQAM.
« Déjà, comme danseuse, elle avait un caractère affirmé, mais aussi un désir de sortir des sentiers battus », dit-il.
De la témérité, il en fallait lorsqu’elle a commencé à cogner aux portes des designers et des architectes de Montréal pour offrir ses services de relationniste, au début des années 1990.
« À l’époque, ça n’existait tout simpleent pas comme service, explique Julie Payette. On ne comprenait pas l’importance pour un bureau de faire connaître ses créations, surtout à l’étranger. »
Ses ambitions étaient grandes, tout comme sa passion, qui l’a menée à Paris, à Londres, à Barcelone et à Milan pour soumettre les projets de sa clientèle aux publications les plus prestigieuses.
« Je voulais tellement que cela a fini par marcher », dit-elle en se rappelant avec le sourire ses allers-retours entre New York et Montréal dans sa vieille Volvo pour présenterle travail de ses premiers clients.
« J’étais la première à faire ça au Québec, c’était un peu comme défricher un terrain vierge », se souvient-elle.
Moments marquants
Ce dévouement lui a permis de fonder en 1994 Juliette Communication, première agence de relations publiques au Québec spécialisée en architecture et en design. L’entreprise, devenue volume2 en 2005, assure aujourd’hui la gestion d’un fil de presse international, v2com, qui permet aux architectes de joindre près de 6500 publications dans 96 pays.
Parmi les projets marquants dont l’agence a assuré la promotion ici comme à l’étranger, citons le Centre CDP Capital (Daoust Lestage/FABG/Lemay), devenu depuis l’édifice Jacques-Parizeau, la rénovation du Palais des congrès de Montréal (Saia Barbarese Topouzanov architectes, les architectes Tétreault Parent Languedoc et associés, Ædifica, Hal Ingberg), le CHUM (NEUF architect(e)s et CannonDesign), tous trois à Montréal, ou encore la promenade Samuel-De Champlain (Daoust Lestage), à Québec.
« J’ai toujours été vers [des projets de] qualité parce que j’en avais besoin pour faire mon travail, affirme-t-elle. Pour être publié dans un magazine comme Domus, ça prend le projet qui va avec. »
Julie Payette a également été attachée de presse du Salon du design de Montréal de 1999 à 2008, accueillant des journalistes des quatre coins du globe dans la métropole.
« Julie est arrivée à un moment clé dans l’histoire du design à Montréal, estime Odile Hénault, critique d’architecture. Elle a véritablement joué un rôle d’ambassadrice pour les créateurs. »
« Si les architectes québécois sont mieux connus à l’international et s’ils peuvent exprimer leur créativité au Québec, ils et elles le doivent en grande partie à l’incroyable travail de Julie Payette », poursuit l’ancienne présidente de l’OAQ dans sa lettre d’appui à la candidature de la lauréate.
Qualités et qualité
De fil en aiguille, Julie Payette a perfectionné son art, qu’elle décrit comme étant celui de bien présenter le bon projet aux bonnes personnes.
« Sa première qualité, c’est sa présence, insiste Georges Adamczyk. Dans ce domaine, pour communiquer, il ne faut pas rester assis dans son bureau. C’est presque un mode de vie : il faut avoir la curiosité, la générosité de prendre le temps d’écouter les gens et de voir les projets. Et Julie l’a toujours fait. »
« Julie est dans la pratique, ajoute Odile Hénault. Elle est très proche de ceux et celles qui dessinent, conçoivent et fabriquent. Elle a gagné la confiance detout le monde même si elle ne vient pas du milieu. »
Recevoir cette année le prix Ambassadeur de la qualité en architecture lui fait « vraiment du bien », admet la lauréate. « C’était une vraie mission, et ç’a été très laborieux par moments », dit-elle à propos de son parcours.
Et ce parcours de la combattante est loin d’être terminé.
« Encore aujourd’hui, v2com doit toujours réaffirmer sa pertinence. On n’a pas d’énormes budgets. On est plutôt dans le microdéveloppement et dans la constante amélioration de nos services. La vision, c’est continuer à promouvoir l’architecture de qualité. On en veut toujours plus, mais toujours mieux. »