Prix d’excellence en architecture 2022, catégorie Bâtiments industriels - ex æquo
Le laboratoire dentaire Lafond Desjardins cherchait à se loger dans un espace à l’architecture à la fois fonctionnelle et soignée. Alors que les bâtiments industriels sont rarement reconnus pour leur esthétique, l’entreprise occupe maintenant un édifice qui reflète son univers de haute précision.
Lafond Desjardins souhaitait profiter d’un déménagement dans un bâtiment neuf pour refléter l’excellence du travail de ses artisans et artisanes, qui évoluent à l’intersection de l’art et de la technologie de pointe. Maxime-Alexis Frappier, architecte associé et président d’ACDF Architecture, a donc proposé un immeuble sobre, mais distinctif, avec une volumétrie cubique, définie non seulement par les règlements municipaux auxquels
le site est assujetti, mais aussi par les différents processus de fabrication utilisés par l’entreprise.
Charles Desjardins, président, ne s’en cache pas : il voulait un immeuble qui se démarque. C’est en regardant un reportage sur le Centre d’art Diane-Dufresne, à Repentigny, qu’il a repéré le travail d’ACDF Architecture.
« Le client voulait un bâtiment à la hauteur de son image de marque », se souvient Maxime-Alexis Frappier, qui a proposé un espace qui, en plus d’être fonctionnel, se révèle un lieu de travail attrayant et motivant. « Dans le contexte actuel de crise de la main-d’œuvre, les beaux environnements créent un sentiment d’appartenance, du bonheur, de la productivité », ajoute-t-il.
Oser la blancheur
L’architecte a imaginé un concept assez épuré, un prisme cubique de maçonnerie sculpté – comme si on y avait extrait de la matière – afin de dévoiler un intérieur lisse, blanc, réfléchissant.
Il a donc misé massivement sur la blancheur des intérieurs. Murs, gaines de ventilation, fenestration, équipements mécaniques et structure du toit ont été peints en blanc, notamment pour le hall et le jardin de l’étage, où se trouvent les aires de repos et la cuisine des employés.
« Le client nous avait montré les empreintes dentaires fournies par les dentistes et à partir desquelles on fabrique les prothèses, explique Maxime-Alexis Frappier. Nous avons appliqué au bâtiment ce principe de réversibilité, que l’on retrouve dans ces empreintes. »
Pour certaines fenêtres, l’architecte a fait imprimer des points blancs sur du verre opalescent afin de doser le débit de lumière naturelle. Ce choix de matériau
fait luire le bâtiment pendant la nuit. Le jour, le soleil crée un effet de légèreté et
de transparence à l’antithèse de celui que produit le parement de brique noire. L’architecte a aussi choisi une brique rare et texturée : « Elle est comme talochée de coups de truelle, ce qui accentue son aspect rugueux, qui s’inscrit en opposition avec le verre, qui est lisse. Les contrastes en architecture constituent une stratégie percutante, qui permet d’établir une mélodie architecturale. »
En confiance

Photo : Adrien Williams
« Nous étions bien entourés par notre architecte et son équipe, commente Charles Desjardins. Ils ont relevé plusieurs défis complexes, car construire un laboratoire comme le nôtre ne se résume pas à ériger une coquille dans laquelle on installe de l’équipement. Nous dépendons de centaines de machines, disposées de manière précise, au centimètre près, et qui utilisent différentes sources d’énergie, le tout dans un environnement qui doit répondre à de sévères normes de salubrité. »
De son côté, Maxime-Alexis Frappier retient une collaboration extraordinaire entre le client et son équipe, dans le difficile contexte de la pandémie de COVID-19. « Nous avions une relation constructive avec M. Desjardins et son épouse, qui sont des amoureux de l’architecture, dit-il. Trop peu d’architectes interviennent en milieu industriel, et ce projet démontre qu’il est possible de réaliser un immeuble soigné avec un budget normal. »
Avec ce projet architectural, l’entre-prise du client a célébré son centenaire. « Maxime-Alexis Frappier a choisi des matériaux qui représentent à la fois la solidité à travers le temps et l’aspect futuriste de notre activité : c’est une alliance entre le durable et le moderne », conclut Charles Desjardins.
Commentaires du jury
Ce bâtiment au caractère affirmé se démarque dans le paysage d’un secteur industriel de Laval par sa volumétrie étudiée, qui met en tension des masses sombres et rugueuses avec des surfaces translucides et lisses dans un habile jeu d’additions et de soustractions. Son aménagement intérieur épuré crée des espaces de travail lumineux, généreux et fonctionnels, dans une atmosphère de calme qui sied tout à fait à la sobriété et au raffinement technologique du programme. De la proposition d’ensemble jusqu’aux détails, ce projet a été conçu et réalisé avec un grand contrôle.

Illustration : ACDF Architecture
▶ EMPLACEMENT
Laval
▶ MAÎTRISE D’OUVRAGE
Laboratoire dentaire Lafond Desjardins
▶ ARCHITECTE
ACDF Architecture : Maxime-Alexis Frappier
▶ COLLABORATIONS
Vincent Bourassa, Maxime Frappier, Carolyn Gouin, Bruno Landry, Sang Taek Nam, Joan Renaud, Gabriel Villeneuve
▶ INGÉNIERIE
Structure : SDK
Mécanique et électrique : AlbCad Design inc.