Prix dexcellence en architecture, catégorie Aménagement intérieur
Ce n’est pas tous les jours que des architectes sont appelés à transformer les combles d’un château en espaces de bureaux contemporains. C’est pourtant le mandat que Lightspeed a confié à la firme ACDF Architecture, qui s’est attelée avec succès à ce nouveau chapitre de leur fructueuse relation.
Après avoir conçu les deux premières phases du projet d’aménagement du siège social de Lightspeed dans l’ancienne gare-hôtel Viger, dans le Vieux-Montréal, ACDF a eu l’occasion de réaménager les cinquième et sixième étages de ce bâtiment de style château datant de la fin du 19e siècle.
« Ces espaces servaient d’entreposage. Il y avait beaucoup à faire pour les transformer. La première fois qu’on les a visités, des pigeons y avaient élu résidence », raconte Joan Renaud, architecte associé chez ACDF.
ACDF et Lightspeed entretiennent une relation de longue date. « Le premier projet qu’on a fait pour eux remonte à 2014, alors que l’entreprise avait ses bureaux dans le Mile-Ex, rappelle Joan Renaud. La collaboration s’est poursuivie quand ils ont déménagé [plus près du] centre-ville de Montréal. »
Un parcours diversifié
Les deux étages supérieurs, d’une superficie totale de plus de 900 m2, abritent aujourd’hui des salles de formation, des salles de réunion et des aires de travail.
Dans cette troisième phase, il n’était pas question de reprendre une formule déjà employée aux niveaux inférieurs. « On cherche plutôt à susciter à chaque étage de nouvelles émotions chez les occupants », explique l’architecte.
Ainsi, à la sortie des ascenseurs, on découvre un espace sombre qui fait face aux salles de formation, où les murs de brique se marient aux banquettes en bois de chêne et aux chaises noires. Puis, on parcourt un espace entièrement blanc lorsqu’on emprunte le corridor permettant de circuler entre les ailes est et ouest. Au bois et à la brique qui donnent sa chaleur au bâtiment patrimonial, les architectes ont opposé des matériaux lisses et réfléchissants, avec pour résultat un effet contrasté de textures et d’ambiances.
Le patrimoine au présent
Comme dans les phases précédentes, et c’est là le fil conducteur du projet, ACDF a cherché à mettre en valeur le caractère patrimonial du bâtiment, destiné à accueillir le personnel d’une entreprise technologique bien de son temps.
Dès le début des travaux, les architectes se sont toutefois heurtés à une contrainte de taille : l’isolation du toit. « Pour éviter de cacher la magnifique charpente de bois, on a décidé d’isoler par l’extérieur, dit Joan Renaud. Cela a nécessité une demande d’approbation auprès des instances patrimoniales, une démarche menée par l’architecte du propriétaire du bâtiment. »
L’aménagement d’une grande salle de conférence dans la tourelle centrale a posé un autre défi. Pour répondre aux exigences du Code de construction, les architectes ont dû prévoir une deuxième issue de secours. « Cela nous a forcés à créer au sixième étage un nouveau corridor menant à un escalier qui rejoint l’issue de secours existante, située un étage plus bas », explique l’architecte.
Une collaboration à suivre
La relation est loin d’être terminée entre ACDF et Lightspeed, que Joan Renaud n’hésite pas à qualifier de « client idéal ». « Le président, Jean Paul Chauvet, a un grand intérêt pour le design et l’architecture, soutient l’architecte. De phase en phase, il nous pousse à créer chaque fois un projet unique. Cela nous oblige parfois à retourner à la planche à dessin, mais c’est stimulant. »
ACDF travaille déjà à la quatrième phase du projet, visant l’aménagement de 4000 m2 supplémentaires au rez-de-chaussée et au premier étage du bâtiment, que ses occupants ont rebaptisé « The Castle ». « Notre concept devra tenir compte des nouvelles réalités du travail dans une ère post-COVID-19 », annonce Joan Renaud. Un autre beau défi à relever pour ACDF.
Commentaires du jury
Dans cette troisième des quatre phases d’un mandat d’aménagement de bureaux pour l’entreprise montréalaise Lightspeed, les architectes ont réussi à créer une intrigante variété d’ambiances dans un espace déjà fort expressif. Leur stratégie se fonde sur des jeux d’éclairage dynamiques, une habile modulation d’échelle des espaces, des formes anguleuses ou courbes et des contrastes de teintes dans lesquels le blanc et le noir dominent. On a su tirer pleinement profit du bâtiment historique en insérant avec justesse une intervention mesurée qui se distingue aussi par sa grande qualité d’exécution.
EMPLACEMENT
Montréal
MAÎTRISE D’OUVRAGE
Lightspeed
ARCHITECTES
ACDF Architecture : Joan Renaud
ENTREPRENEUR
Construction Busch
INGÉNIERIE
Mécanique et électrique : Bouthillette Parizeau
FINALISTE
Firme gouvernementale
Commentaires du jury
Les architectes de ce projet ont réussi à transfigurer quatre étages de bureaux anodins en espaces de travail ouverts, modulables et lumineux.