Prix d’excellence en architecture 2022, catégorie Bâtiments résidentiels de type unifamilial en milieu urbain
Maxim Régimbal-Ethier savait ce qu’il voulait : une maison unifamiliale à étages avec de belles ouvertures pour laisser entrer la lumière. Si la commande était simple, la réalisation en a été tout autrement en raison des contraintes réglementaires. Heureusement, La Shed en avait vu d’autres.
La Maison Saint-Charles est érigée sur un ancien terrain de stationnement compris entre deux habitations du quartier Pointe-Saint-Charles, à Montréal. Construire sur ces terrains en dent creuse, c’est un peu la spécialité de La Shed, qui a réalisé quelques projets du même genre dans la métropole, dont la Maison Lagarde, dans Le Plateau-Mont-Royal.
« Ces terrains offrent l’occasion de densifier et de créer à partir d’une page blanche, ce qui est toujours excitant pour un architecte », explique Sébastien Parent, cofondateur de la firme et membre de l’équipe d’architectes qui a conçu le projet.
Des retards imprévus
Le projet a toutefois donné du fil à retordre à La Shed. « Il a été particulièrement difficile d’obtenir le permis de construction, se souvient l’architecte. En fait, ça n’a jamais été aussi compliqué de construire à Montréal. Malgré le beau discours selon lequel il faut densifier, les mesures ne sont pas en place pour le faire. »
L’équipe de conception a dû présenter le projet devant plusieurs comités, ce qui a entraîné de nombreux retards. « Le contrat avec le client a été signé en 2015, et la construction n’a pas pu commencer avant 2019. Malgré les demandes de modification, on a toutefois réussi à conserver la qualité architecturale du projet », estime Sébastien Parent.
La firme a aussi eu la chance de faire affaire avec un client qui était patient et désireux de travailler à tout prix avec les architectes de La Shed, à qui il a donné carte blanche. « J’avais vu certaines de leurs réalisations et j’avais une totale confiance en eux, dit Maxim Régimbal-Ethier. J’ai adoré le projet dès qu’ils me l’ont présenté. »

Photo : Maxime Brouillet
Un jeu de hauteurs et de volumes
En raison de la réglementation municipale, la maison devait se limiter à deux étages pour respecter la typologie des bâtiments adjacents.
« Comme le client désirait avoir plusieurs étages, on a utilisé une astuce en encastrant le rez-de-chaussée à quatre pieds dans le sol pour en faire un rez-de-jardin. On a ainsi pu jouer avec les niveaux, la maison se déployant sur cinq demi-étages », explique Sébastien Parent.
Une belle façon de réinventer le demi-sous-sol, souvent mal aimé parce que trop sombre. Les architectes ont toutefois assuré un généreux apport lumineux grâce à de larges ouvertures à l’avant et à l’arrière et à un percement en toiture qui inonde l’escalier de lumière naturelle.
Cet escalier à la structure minimaliste et translucide est un élément central de la maison. Les architectes ont dû porter une attention particulière aux aires de circulation entre les différents niveaux. Il suffit de monter quelques marches pour accéder aux chambres ou d’en descendre pour rejoindre les espaces de vie.
« Le fait que ceux-ci soient en contrebas confère une sensation d’intimité aux occupants puisque, en plus de n’être pas visibles de la rue, ils n’ont pas de vis-à-vis directs avec les voisins situés à l’arrière », souligne l’architecte.
Une oasis au cœur de la ville
La cuisine s’ouvre sur une cour au même niveau. « Le jardin, avec sa piscine creusée, est mon espace préféré, affirme Maxim Régimbal-Ethier. L’été, quand tout est ouvert, la maison devient encore plus grande. Et la présence d’arbres matures nous préserve des regards indiscrets. »
Vue de l’extérieur, la maison s’intègre parfaitement au bâti existant, comme si elle avait toujours été là. « La façade principale est minimaliste avec sa large ouverture qui a été pour nous une façon de réinterpréter les portes cochères, qui sont une caractéristique de la rue Saint-Charles, explique Sébastien Parent. Pour préserver l’intimité sans nuire à la luminosité, on a imaginé un rideau de bois posé sur une paroi translucide, ce qui ajoute une note contemporaine à l’ensemble. »
Malgré la longue attente, Maxim Régimbal-Ethier ne regrette rien de l’expérience vécue avec les architectes de La Shed. « Aucun détail n’est laissé au hasard, ce qui fait qu’il y a une cohérence dans l’espace. Les nombreuses ouvertures créent une atmosphère différente tout au long de la journée. La maison est très agréable à vivre », conclut-il.
Commentaires du jury
La Maison Saint-Charles, avec ses larges ouvertures, son aménagement en demi-niveaux savamment agencés et son attention aux détails de finition, démontre avec éloquence le talent de La Shed pour tirer pleinement profit des petits lots montréalais afin d’y aménager des espaces de vie généreux, lumineux et soignés. La firme a soumis cette année pas moins de six résidences en milieu urbain dans cette catégorie où la compétition est toujours relevée. Par ce prix, le jury souhaite souligner la valeur d’ensemble de l’œuvre à laquelle participe ce projet.

Illustration : La Shed architecture
▶ EMPLACEMENT
Montréal
▶ MAÎTRISE D’OUVRAGE
Maxim Régimbal-Ethier
▶ ARCHITECTES
La Shed architecture : Yannick Laurin, Sébastien Parent, Renée Mailhot, Olivier Bérard, Anthony Bergoin, Romy Brosseau, Kevyn Durocher, Guillaume Fournier, Samuel Guimond, Cédric Langevin, Pierre-Alexandre Lemieux, Dahlia Marinier Doucet, Clément Stoll
FINALISTES : Bâtiments résidentiels de type unifamilial en milieu urbain
La résidence Resther

Photo : Maxime Brouillet
Commentaires du jury
Conçus par Atelier Pierre Thibault, les espaces de vie tout en transparence, sertis de bois, s’articulent autour d’une cour et d’un remarquable escalier sculptural pour former une résidence d’une sereine beauté.
NORM

Photo : Félix Michaud
Commentaires du jury
Cette demeure signée Alain Carle Architecte, à l’implantation astucieuse et aux espaces radicalement dépouillés, étonne par son pari minimaliste tenu jusqu’au bout. C’est le fruit d’une réflexion et d’un exercice de composition remarquables.