Prix d'excellence en architecture, catégorie Bâtiments institutionnels publics
De petits bâtiments aux lignes sobres, parés de matériaux naturels et parfaitement intégrés au paysage, c’est la solution imaginée par la firme Patriarche pour accueillir les adeptes des activités de plein air dans ce parc de Québec.
Dans un secteur de la ville demeuré champêtre, la base de plein air de Sainte-Foy, à Québec, propose des activités diversifiées comme le ski de fond, le tir à l’arc, l’ornithologie, la baignade, le pédalo et la randonnée pédestre. Pour y accueillir le public, la Ville de Québec avait transformé deux vieilles maisons, mais elles étaient exiguës et ne permettaient pas de loger les organismes responsables des activités. La Ville, désireuse de développer le potentiel du site, a donc entamé une réflexion en 2008 afin de concevoir une structure qui répondrait mieux aux besoins.
En 2015, la firme Patriarche est entrée en scène avec un concept inattendu.
À chaque fonction son espace
Dans son étude préliminaire, la Ville avait envisagé un bâtiment de deux étages, mais Patriarche a soumis une tout autre proposition. « On a adopté une approche fonctionnelle. On a décortiqué le bâtiment en plusieurs volumes qui répondaient aux besoins du programme et on les a reliés par des aires de circulation couvertes », explique Luc Bélanger, architecte associé chez Patriarche.
Les bureaux, les toilettes publiques, la salle multifonctionnelle, la boutique de location des équipements et les espaces d’entreposage se déploient ainsi sur un seul étage. Ce concept favorise l’accessibilité universelle et l’occupation du bâtiment, puisque chaque section dispose d’une entrée indépendante. Une activité peut donc aisément se dérouler dans la salle multifonctionnelle en dehors des heures de bureau.
À l’extérieur, les revêtements d’ardoise, de métal noir et de cèdre teint en blanc aident à distinguer les volumes et, dès lors, facilitent la lecture des lieux. « L’idée de recourir à différents matériaux pour recouvrir les volumes permet de mieux découper le projet », indique Luc Bélanger.
Une ruralité contemporaine
La structure en bois des bâtiments et les parements de cèdre évoquent le paysage rural d’antan, mais le recours à l’ardoise est plus inattendu. « Ce n’est pas un matériau fréquent, reconnaît Luc Bélanger. Mais c’était une manière pour nous de réinterpréter le bardeau avec un matériau plus durable. » L’ardoise ne craint en effet ni la pluie ni les rayons du soleil.
« On a été surpris par l’ardoise, mais la robustesse du matériau nous a convaincus », dit Annie Blackburn, architecte, directrice de la Division des grands projets de construction, des bâtiments et des parcs à la Ville de Québec.
Dans un souci de facilité d’entretien, il est prévu que la teinture blanche du cèdre s’estompe pour laisser place au grisonnement naturel du bois. « On est conscient que la couleur va changer, mais ça montrera que le bâtiment “vit” », commente Annie Blackburn.
La volumétrie et les matériaux empruntent au patrimoine rural, mais Patriarche a su, par des lignes épurées, donner à l’ensemble une touche contemporaine. « On voulait une architecture vernaculaire et près de la nature, mais on ne voulait pas de mimétisme avec le petit chalet en bois rond », ajoute Annie Blackburn.
Une audace qui obtient l’unanimité
Patriarche a fait preuve d’audace en présentant un concept aussi différent de l’étude préliminaire, et cette approche s’est révélée fructueuse. « On savait qu’on n’était pas alignés avec la proposition de départ, dit Luc Bélanger. Mais tout le monde a apprécié l’idée de décortiquer le projet, l’intégration dans le paysage, les matériaux. » Annie Blackburn confirme : « La proposition a été accueillie très favorablement et elle respectait le budget. On n’a pas eu de difficulté à convaincre les autorités que c’était le meilleur projet. »
Les architectes n’ont pas eu à accepter un compromis sur leur concept et avaient la confiance de la Ville. C’est, selon Luc Bélanger, à la fois une source de fierté et la clé de la réussite du projet.
Commentaires du jury
Le jury a été séduit par l’approche pavillonnaire retenue pour ce projet et l’intelligence avec laquelle les architectes l’ont déployée. Le choix avisé de fragmenter les fonctions et de loger chacune dans son propre corps de bâtiment d’échelle modeste a pour effet de multiplier les circulations dans les espaces extérieurs, en toute cohérence avec la vocation de ce parc urbain. Savamment disposés sur le site, les volumes et leurs entrées entretiennent une relation attentive avec les espaces extérieurs, dont l’aménagement efficace contribue aussi à l’exemplarité du projet.
EMPLACEMENT
Québec
MAÎTRISE D’OUVRAGE
Ville de Québec
ARCHITECTES
Patriarche : Luc Bélanger et Véronique Boulet
INGÉNIERIE
FNX-Innov
WSP
ARCHITECTURE DU PAYSAGE
Stantec
ENTREPRENEUR
Drolet Construction
FINALISTES
Pavillons d’hébergement du Campus Beaconsfield des Centres de la jeunesse et de la famille Batshaw
Commentaires du jury
Marquant les débuts d’une réalisation planifiée en différentes phases, ce projet se distingue par une composition urbaine remarquable et par desintérieurs soignés.
Agrandissement de l’école primaire Montmartre
Commentaires du jury
Au moment où l’architecture des écoles retient l’attention au Québec, ce projet offre un exemple d’espaces intérieurs lumineux et habilement aménagés.