L’OAQ a adopté cet automne son tout premier plan d’action en transition socioécologique. Il entend ainsi accompagner la profession vers l’adoption et la promotion de pratiques plus durables.
Au cours de la consultation menée par l’Ordre en 2022, beaucoup d’architectes ont exprimé des sentiments d’impuissance et de frustration devant les enjeux démesurés que représentent les crises écologiques et climatiques.
Avec le plan d’action dont il s’est doté, l’Ordre entend soutenir ses membres dans la nécessaire transition socioécologique (TSE). Il compte aussi inciter les gouvernements et l’industrie à poser des gestes à la hauteur du défi qu’elle représente. Pour mettre en œuvre certaines actions, un groupe de travail composé d’architectes dont l’expertise est reconnue en matière de bâtiment durable sera mis à contribution. Il est formé de Marie-France Bélec, Ravi Handa, Vouli Mamfredis, Guillaume Martel et Diane Thode.
S’échelonnant de 2023 à 2026, le plan d’action est structuré en quatre axes :
1. Outiller les architectes
Au cours des prochains mois, l’Ordre élaborera deux nouveaux outils portant sur la TSE :
- Une feuille de route rappelant les aspects à considérer à chaque étape d’un projet d’architecture
- Un guide de prise de décision éthique à l’usage des architectes et de leur clientèle
2. Encadrer les architectes
Cet axe concerne la mise à jour de la réglementation et des mécanismes de surveillance de la profession. Les actions qui y sont prévues ont déjà débuté :
- Création d’une activité de formation obligatoire en développement durable pour les architectes. La thématique fait l’objet d’une série de 20 capsules vidéo, hébergée par le portail de formation continue de l’Ordre. D’autres activités de formation sont également offertes ou sont en préparation dans ce domaine.
- Adoption d’un règlement sur la formation continue obligatoire en environnement, énergie et développement durable. Un tel règlement entrera en vigueur le 1er juillet 2024. Il imposera aux architectes de consacrer quatre heures d’activités dans ces domaines à chaque cycle de formation continue.
- Promotion des pratiques en TSE lors de l’inspection professionnelle. Des activités de formation en TSE sont désormais proposées lorsqu’on constate des lacunes à ce chapitre dans la pratique des architectes soumis à l’inspection.
3. Influencer les instances décisionnelles
L’Ordre entend favoriser l’adoption d’une réglementation et de pratiques favorisant la TSE au Québec. Déjà, il aborde cet aspect dans ses prises de position publiques chaque fois que cela est pertinent. Il compte aussi unir sa voix à celles de partenaires ciblés. À terme, il prévoit élaborer une forme de contrat qui favorisera le partage des risques liés à l’innovation entre les architectes et leur clientèle.
4. Mobiliser les parties prenantes
L’OAQ veut susciter un élan collectif auprès de trois principaux groupes :
- L’industrie. L’Ordre effectuera une tournée des regroupements de la construction et du milieu professionnel pour prendre le pouls de leur engagement. Il propose de les rallier autour d’un manifeste en faveur de la TSE et d’organiser des événements communs sur ce thème.
- Le personnel, le CA et les comités de l’Ordre. L’Ordre se dotera d’une politique interne en matière de TSE, en collaboration avec son personnel. Ce dernier se verra également offrir de la formation et sera incité à créer un comité sur la question. La TSE sera par ailleurs intégrée à chaque aspect du plan stratégique de l’Ordre. À plus long terme, il est envisagé de renforcer le caractère durable du siège social.
- Les architectes. Déjà, l’Ordre a adapté les critères d’évaluation de ses Prix d’excellence en architecture de manière à arrimer sa vision de la qualité architecturale avec la TSE (voir « La qualité décloisonnée », Esquisses, automne 2023, page 10). L’Ordre encourage également les architectes à devenir membres d’instances décisionnelles ou citoyennes afin de susciter des gestes favorables à la TSE dans différents milieux.
En mettant ses compétences au service des enjeux de notre époque, la profession d’architecte ne peut que renforcer sa pertinence et gagner en influence au sein de la société. l
Qu’est-ce que la transition socioécologique ?
La transition socioécologique (TSE) suppose un nouveau modèle économique et social qui respecte les limites des écosystèmes. Elle passe par une transformation radicale de nos façons de consommer, de produire, de travailler et de vivre ensemble, de manière à protéger la biodiversité et à renforcer la résilience de nos écosystèmes et de nos communautés dans le contexte de l’urgence climatique et des autres crises touchant la santé et l’environnement.
Autres activités, été-automne 2023
Plan de mise en œuvre de la PNAAT
C’est par voie de communiqué que l’OAQ s’est réjoui, le 26 juin, de la publication du plan de mise en œuvre de la Politique nationale de l’architecture et de l’aménagement du territoire (PNAAT). L’Ordre a félicité le gouvernement d’avoir défini des mesures visant un environnement bâti de meilleure qualité, notamment la modernisation du cadre réglementaire en architecture. L’Ordre a cependant rappelé l’importance d’instaurer des conditions favorables à la qualité architecturale, dont des échéanciers et des budgets suffisants.
Orientations en aménagement du territoire
L’OAQ a déposé un mémoire à l’occasion d’une consultation publique tenue l’été dernier sur les nouvelles orientations gouvernementales en aménagement du territoire. Heureux de constater que la qualité architecturale a été prise en compte, l’Ordre a toutefois voulu mettre le gouvernement en garde contre une vision compartimentée de la qualité architecturale. Il a fait valoir l’importance de sensibiliser les instances municipales et le grand public à la question, et d’assurer un meilleur accès aux ressources professionnelles pertinentes.
Inspection préachat
Le 5 septembre, l’OAQ a déposé ses commentaires relativement à un projet de règlement sur l’encadrement de l’inspection des bâtiments d’habitation publié dans la Gazette officielle du Québec l’été dernier. L’Ordre a salué la démarche, qui devrait accroître la qualité des inspections préachat menées aux Québec et ainsi mieux protéger le public. Il s’est également dit favorable à l’harmonisation des pratiques qui découlera de l’application généralisée de la norme BNQ 3009-500, en plus de souligner l’importance de la continuité de l’offre de services dans ce secteur. Enfin, dans la mesure où le règlement imposera de la formation, l’Ordre a plaidé pour que les acquis des architectes soient reconnus.
Revue québécoise d’urbanisme
Pour son numéro du 20 mai 2023, la Revue québécoise d’urbanisme, publiée par l’Association québécoise de l’urbanisme, a invité Pierre Corriveau à collaborer à son dossier sur l’intégration architecturale. En plus de citer des exemples d’intégration réussie, l’article du président de l’Ordre énumère les principaux facteurs de succès.
Lettre au Devoir
« L’architecture de qualité, un chantier collectif » est le titre de la lettre ouverte de Pierre Corriveau, publiée le 5 juillet dans Le Devoir, en réponse à un éditorial de Robert Dutrisac affirmant que le Québec a une énorme côte à remonter en matière de qualité architecturale. Dans son texte, le président de l’Ordre rappelle que de plus en plus de projets d’architecture améliorent le quotidien des gens de manière pérenne, et que la PNAAT devrait favoriser la tendance. Les médias doivent aussi contribuer à la culture architecturale du grand public, ajoute-t-il.
Conférences sur l’impact climatique du bâti
Le 17 mai, Pierre Corriveau était l’invité d’un souper-conférence organisé par Devis de construction Canada à Montréal. Sa présentation a porté sur l’impact climatique du cadre bâti, sur le rôle de l’architecte pour l’atténuer et sur la démarche entreprise par l’OAQ pour soutenir ses membres en vue de la transition socioécologique.
Le président de l’OAQ a tenu le même propos le 14 juin à Québec, lors d’un panel de l’École d’été de la Chaire industrielle de recherche sur la construction écoresponsable en bois. l