Omniprésent dans le milieu sociocommunautaire montréalais depuis des décennies, l’architecte Ron Rayside investit son temps et ses talents au service de l’équité et du bien commun.
« On a le droit à la beauté. » Voilà une affirmation que Ron Rayside commence à entendre dans les multiples forums citoyens auxquels il participe. « Depuis toujours, les architectes croient au pouvoir de la beauté. Mais que des citoyens aujourd’hui le réclament, c’est nouveau et fascinant », dit l’architecte, lauréat cette année du prix Engagement social de l’OAQ.
Créé en 2018, ce prix récompense un architecte pour sa sensibilité au bien-être de la collectivité ou pour sa contribution exceptionnelle à l’amélioration du milieu de vie de populations vulnérables. « Se consacrant depuis près de 40 ans à l’émergence d’une société plus équitable et plus saine, Ron Rayside a orienté sa pratique professionnelle afin de contribuer au mieux-être de la population montréalaise, expliquent les membres du jury. Il a fait partie de nombreux conseils d’administration, comités et coalitions qui se consacrent à la santé, à la lutte contre l’itinérance et au développement du quartier Centre-Sud, l’un des quartiers les plus défavorisés au Canada. »
Présent là où ça compte
Dans ce quartier de Montréal où il vit depuis plus de 30 ans, et plus largement dans la région montréalaise, Ron Rayside travaille avec des dizaines d’organismes communautaires afin de donner une voix aux résidents et aux commerçants dans les dossiers d’aménagement urbain qui les concernent. Il est entre autres membre fondateur du comité-conseil Tous pour l’aménagement du Centre-Sud, de la Table de développement social du Centre-Sud et de la table de concertation Habiter Ville-Marie.
« Ron est partout ! » résume François Claveau, directeur général de la Corporation Mainbourg, une entreprise d’économie sociale propriétaire et gestionnaire d’immeubles à vocation communautaire. « Il s’investit corps et âme pour améliorer la qualité de vie des communautés », ajoute-t-il, soulignant l’apport précieux de l’architecte à titre de membre du conseil d’administration de la Corporation. « Alors que les projets communautaires stagnent souvent pendant des années, Ron a la patience et la motivation nécessaires pour les concrétiser. »
François Claveau donne en exemple les Habitations Sainte-Germaine-Cousin, à Pointe-aux-Trembles, un projet de logements sociaux pour aînés et de conversion d’une église en centre de la petite enfance qui s’est échelonné sur près de 10 ans. « Alors que le projet n’était encore qu’une idée, Ron a consacré bénévolement beaucoup de temps aux consultations citoyennes, aux propositions architecturales et au montage financier, raconte-t-il. Avec intelligence et diplomatie, il sait rassembler les acteurs d’un projet pour que tous avancent dans la même direction. »
« En effet, je croise pas mal de monde », confirme Ron Rayside, en parlant des processus de consultation citoyenne auxquels il participe dans divers quartiers montréalais. Depuis ses débuts comme architecte, dans les années 1970, l’une de ses grandes préoccupations a été d’améliorer la qualité de vie des citoyens, ce qui n’est pas la priorité de tous ses pairs, remarque-t-il. « Bien que beaucoup d’architectes s’impliquent aujourd’hui dans le volet environnemental du développement durable, peu d’entre eux s’intéressent à ses aspects sociaux, comme les questions d’équité et de santé mentale, les populations défavorisées ou les quartiers mal en point. »
« Il joue un rôle d’agent mobilisateur auprès de la communauté en invitant la population et les acteurs locaux à se prononcer sur les enjeux de développement liés à leur quartier »
– Valérie Plante, Mairesse de Montréal
Tranches de vie
Dans sa lettre d’appui à la candidature de Ron Rayside, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, souligne que « les différents projets architecturaux qu’il a réalisés, notamment ceux destinés aux organismes communautaires ou à l’habitation sociale, témoignent de sa remarquable sensibilité envers les retombées locales, aussi bien sociales qu’environnementales… Il joue un rôle d’agent mobilisateur auprès de la communauté en invitant la population et les acteurs locaux à se prononcer sur les enjeux de développement liés à leur quartier ».
Parallèlement à ses réalisations architecturales telles que le pavillon de Mode de l’UQAM, le Théâtre Paradoxe et le Refuge des jeunes de Montréal, Ron Rayside collabore à plusieurs projets publics d’envergure, notamment la revitalisation du parc La Fontaine et de l’Hôtel-Dieu. Sans oublier la conversion de l’hippodrome Blue Bonnets, qui l’occupe depuis une vingtaine d’années. « Une véritable tranche de vie ! » dit-il.
Ron Rayside entraîne toute l’équipe de sa firme, Rayside Labossière, dans ses aventures d’« urbanisme social ». Cet engagement représente annuellement plus de 2000 heures de travail bénévole pour les architectes, designers, urbanistes et autres artisans de ce bureau, qui a pignon sur rue dans le quartier Centre-Sud.
Le dévouement de Ron Rayside a été souligné en 2013 par l’Ordre des urbanistes du Québec, qui lui a remis le prix Blanche-Lemco-Van Ginkel, et par la Ville de Montréal, qui lui a décerné la même année le prix Thérèse-Daviau de la personnalité montréalaise de l’année.
Touché de recevoir le prix Engagement social de l’OAQ, Ron Rayside remercie ses pairs et dit en rigolant espérer que cet hommage ne sonnera pas la fin de sa carrière. « Il y a encore beaucoup à faire pour améliorer le bien-être des communautés en tenant compte de leurs besoins. »