Prix d’excellence en architecture 2022, catégorie Bâtiments résidentiels de type multifamilial
Niché dans le secteur Marconi-Alexandra, aussi appelé le Mile-Ex de Montréal, le Queen Alix, un bâtiment résidentiel de type multifamilial, permet de profiter de l’effervescence de la ville tout en bénéficiant d’une oasis de paix. La firme Blouin Tardif Architectes a su trouver des solutions innovantes pour configurer ces espaces et offrir le meilleur des deux mondes.
Le Queen Alix prend racine dans un secteur hétéroclite de Montréal : bordé par un chemin de fer, le quartier abrite à la fois des immeubles résidentiels, des bureaux et des établissements industriels. Ce nouveau bâtiment a d’ailleurs remplacé une ancienne usine de transformation de viande, explique Hugo Girard-Beauchamp, président de Maître Carré, le promoteur immobilier à l’origine de ce projet. « C’était vraiment une nuisance à cause des odeurs », rappelle-t-il.
Aujourd’hui, le terrain accueille plutôt 24 unités d’habitation en copropriété reflétant la diversité du quartier : studios, appartements de différentes tailles, penthouses et maisons de ville. Le rez-de-chaussée est en partie occupé par un café, alors que le secteur compte peu
de commerces de proximité, précise le promoteur.
Comme le projet est érigé sur un petit site urbain, l’un des défis a été de maximiser l’espace tout en proposant des lieux de vie de qualité, mentionne Isabelle Beauchamp, architecte responsable du projet. « Dès le départ, nous avons réfléchi aux façons de sculpter le cube, le volume, pour créer des niches, des alcôves, des petits coins, pour que les résidents se sentent bien. Nous voulions qu’ils aient de la tranquillité, même s’ils habitent dans un secteur où l’activité urbaine est très intense. »
Intimité sur mesure
Pour cet immeuble de quatre étages, l’équipe a donc remis en question la disposition traditionnelle de la mezzanine sur le toit. Au lieu de la placer au centre et d’aménager des terrasses autour, les architectes ont plutôt choisi de la disposer sur le pourtour de l’immeuble, en petits blocs. « Au lieu de créer une mezzanine monolithique, on a pris le parti de l’éclater, explique Isabelle Beauchamp. Comme il y en a plusieurs, cela crée des interstices, où l’on a installé plusieurs terrasses. » En plus de créer un effet « couronne » – un clin d’œil au nom du projet –, ce découpage a permis d’implanter des terrasses offrant une grande intimité, puisqu’elles sont logées entre les murs des mezzanines. Une solution originale imaginée par cette firme dont le travail a déjà été récompensé en 2021 par un Prix d’excellence en architecture pour le projet Förena Cité thermale.
« Tous les logements qui donnent sur la rue ont leur porte privée, comme si c’était de petits duplex et triplex. Ces résidants ont aussi accès à une cour intérieure privée », précise Isabelle Beauchamp. Les logements situés sur les étages du centre sont dotés pour leur part d’un balcon ou d’une loggia, selon qu’ils donnent sur la cour intérieure de l’immeuble ou sur la rue. Les différents matériaux – murs de brique côté rue, structure de béton et fenêtres de qualité – servent aussi d’isolant acoustique, mentionne Hugo Girard-Beauchamp.

Photo : Raphaël Thibodeau
S’enraciner dans son milieu
Queen Alix a également été conçu de manière à s’intégrer à la trame urbaine, un point particulièrement important pour le promoteur. « Au départ, nous voulions créer un ensemble assez sobre qui se marierait bien avec les immeubles du secteur, mais qui proposerait de belles lignes et des détails montrant la finesse de l’architecture », dit-il.
En plus de la mezzanine qui lui donne un caractère distinctif, l’immeuble est habillé d’une brique au fini texturé et métallisé. « Je pense que nous sommes les premiers à l’utiliser au Québec et j’ai l’impression que nous ne serons pas les derniers, mentionne Isabelle Beauchamp. En raison de l’orientation du bâtiment, les murs sont toujours ensoleillés, et ce n’est jamais la même couleur selon l’heure du jour. La texture de la brique métallisée, qui est un peu mauve ou bleue, produit un jeu d’ombres et de lumière. Ça donne un petit bijou ! »
De quoi réjouir le voisinage, qui fréquente assidûment le Noble Café, au rez-de-chaussée, en plus de bénéficier de différents aménagements paysagers, du mobilier urbain et de la ruelle verte, qui bonifient le projet.
Commentaires du jury
« Générosité » est le maître mot de cette intervention qui propose, dans un secteur en pleine mutation de Montréal, des appartements fonctionnels, aménagés de manière à doser le besoin d’intimité et le souhait de participer à une vie de quartier. Le café, installé au rez-de-chaussée en un lieu propice aux rencontres, contribue pour sa part à la vitalité du voisinage. Les volumes et les revêtements harmonieusement intégrés au milieu, de même que les espaces offerts à la communauté donnent envie de s’établir dans ce milieu de moyenne densité.

Illustration : Blouin Tardif Architectes
▶ EMPLACEMENT
Montréal
▶ MAÎTRISE D’OUVRAGE
Maître Carré
▶ ARCHITECTES
Blouin Tardif Architectes : Isabelle Beauchamp, Alexandre Blouin, Mathieu Lechasseur
▶ ARCHITECTURE DU PAYSAGE
Friche Atelier
▶ COLLABORATIONS
Eugénie Lessard (stagiaire en architecture), Isabelle Pesant (technicienne en architecture)
▶ INGÉNIERIE
Structure, mécanique et électrique : GeniMac experts-conseils
FINALISTES : Bâtiments résidentiels de type multifamilial
Le Louis-Hébert

Photo : Ulysse Lemerise
Commentaires du jury
Conçu par _naturehumaine, cet invitant projet de six logements, distribués sur deux lots adjacents, mise
sur un mariage entre la contemporanéité et des composantes plus anciennes pour offrir des espaces de vie énergisants, derrière une façade à l’écriture fine.
The Pacific

Photo : Adrien Williams
Commentaires du jury
Par une disposition rythmée des balcons
qui donne une texture atypique à deux façades opposées, en contraste avec deux façades lisses, les équipes d’ACDF Architecture et d’IBI Group ont su singulariser cet immeuble résidentiel de 39 étages parmi les hautes tours de Vancouver.