En permettant de construire des bâtiments plus vite, à moindre coût et avec une empreinte écologique réduite, l’impression 3D se présente comme une solution à la crise du logement. Vraiment ?

ECLA, un projet d’habitat « imprimé » en 3D, Bologne (Italie), Mario Cucinella Architects et WASP
Illustration : Mario Cucinella Architects

Au cours des cinq dernières années, la fabrication additive – le nom donné au procédé d’impression 3D en construction – a permis de construire une petite maison en 24 heures en Russie et un logement social de 95 m2 dans la ville de Nantes, en France, en six mois. Cette rapidité d’exécution a de quoi séduire les villes, les gouvernements et les entrepreneurs.

D’autant plus que le procédé se veut plus écologique que la construction traditionnelle. Une étude menée en 2013 à la Michigan Technological University a conclu que la fabrication additive utilisait de 41 à 64 % moins d’énergie, si l’on tenait compte du cycle de vie complet. En outre, la suppression des coffrages réduit considérablement les déchets de construction. L’empreinte carbone liée au transport est, elle aussi, plus faible dans un projet recourant à l’impression 3D que sur un chantier traditionnel.

Cela dit, la fabrication additive implique un investissement de départ important: le prix des machines oscille entre 150 000 $ et plus de 1 M$. « Et le type de béton qu’utilisent ces machines est, lui aussi, coûteux, ajoute Hugues Tremblay, chargé de projet chez Agile Manufacturing, une entreprise torontoise qui offre des services d’impression 3D. D’autres matériaux seront nécessaires pour envisager la production de logements économiques en 3D.»

Autre élément qui fait sourciller: le béton n’est pas le plus vert des matériaux…

C’est pourquoi des chercheurs tentent actuellement de mettre au point des mélanges à base de fibres de bambou et de bois, connues pour leurs propriétés intéressantes, dont une bonne capacité d’isolation. Neri Oxman, chercheuse au Massachusetts Institute of Technology, étudie quant à elle la possibilité d’utiliser des matériaux 100 % biologiques, composés de déchets de carapaces de crevettes ou de cellulose.

Reste que, pour l’heure, aucune famille québécoise ne vit dans une maison imprimée. En raison de notre climat, il faut gérer des écarts de température importants, donc concevoir une enveloppe complexe pour l’isolation. Pour ce faire, la technologie actuelle n’est pas encore au point.

Bref, on en reparlera.

Gaia, une maison-modèle en terre, « imprimée » en 3D grâce à la technologie conçue par la firme italienne WASP. Photos : WASP