La qualité architecturale se perçoit aisément à travers le résultat construit. Ce qu’on ignore souvent, par contre, c’est tout le processus de conception et de gestion qui permet d’atteindre ce résultat.
Les Prix d’excellence en architecture 2021 mettent en lumière 11 projets qui incarnent la qualité construite dans différentes catégories, selon le jury désigné pour l’occasion par le comité des prix de l’OAQ. Or, le comité a aussi pour rôle de recommander la remise de distinctions à quatre personnalités dont le travail ne se traduit pas forcément en réalisations concrètes, mais s’apprécie plutôt à travers la mise en place de conditions favorisant la qualité du bâti au Québec.
En effet, quand il est question de qualité architecturale, il faut aussi considérer le contexte et les personnes qui la rendent possible. Pour se déployer à sa pleine mesure, l’architecture a besoin de pédagogie, de communication, de réglementation, de volonté politique, d’implication citoyenne et de toutes les formes d’engagement qui contribuent au mieux faire. Beaucoup d’architectes et de non-architectes travaillent à enrichir ce terreau, et c’est ce que nos distinctions veulent souligner. Je vous invite à découvrir le profil inspirant de la lauréate et des lauréats de cette année.
Dans une réalisation de qualité, tous les aspects jugés importants s’emboîtent et se révèlent de façon fluide, unique et équilibrée.
Quant aux projets gagnants des Prix d’excellence, outre les contraintes et les défis qu’ils ont pu représenter, on y lit les traces du dialogue constructif que l’architecte aura eu avec maintes parties. Ces projets permettent de constater que la qualité en architecture est multidimensionnelle. En plus de l’équilibre entre durabilité, fonctionnalité et esthétique, ils nous suggèrent que l’architecture actuelle, pour être considérée comme étant de qualité, doit intégrer les attentes et les valeurs de la société en plus de celles des maîtres d’ouvrage. Par exemple, chaque fois que c’est pertinent, un projet doit satisfaire des critères exigeants en matière d’accessibilité universelle et de développement durable. D’autres aspects comme la protection et la mise en valeur du patrimoine ou encore l’adaptation au contexte peuvent aussi devoir être pris en compte; la liste peut être longue.
Il demeure que, dans une réalisation de qualité, tous les aspects jugés importants s’emboîtent et se révèlent de façon fluide, unique et équilibrée. Dans les cas les plus remarquables, une telle architecture nous amène à voir autrement et à faire évoluer nos pratiques.
Rendre le monde meilleur
Le Grand Prix de cette année, la réfection de l’enveloppe du Grand Théâtre de Québec, illustre à certains égards une telle intégration. Le projet a donné lieu à une prouesse d’innovation en vue de protéger une icône architecturale et artistique. Comme pour faire un pied de nez à la figure de style qui veut qu’on ne mette pas le patrimoine sous une cloche de verre, le Grand Théâtre a été littéralement mis sous verre, une approche élégante qui permet de préserver des acquis de grande qualité, le bâtiment de Victor Prus et la murale de Jordi Bonet.
L’intervention tout en poésie remplit une autre dimension importante de la qualité, soit l’appropriation par la communauté et les usagers. En effet, en plus d’avoir reçu le Grand Prix d’excellence décerné par le jury, elle a remporté le Prix du public, un doublon signifiant qui, m’a-t-on confirmé, est une première dans l’histoire des Prix d’excellence en architecture.
Un autre de mes coups de cœur personnels, choisi parmi ces 11 prix qui, au fond, en sont tous pour moi : les Habitations Saint-Michel Nord, à Montréal. Ce projet, malgré son budget modeste, est parvenu à se distinguer grâce à des gestes à la fois pertinents et efficaces. On a fait de ce lieu, autrefois délabré et insécurisant, un endroit accueillant, appropriable, ouvert sur la ville et propice au sentiment d’appartenance chez ceux et celles qui l’habitent. Une réussite à tous points de vue. Il s’agit précisément du type d’intervention qui contribue à réfuter l’argument selon lequel l’architecture est un art élitiste. Il faut d’ailleurs non seulement souligner le talent des architectes, mais aussi la vision du maître d’ouvrage, l’Office municipal d’habitation de Montréal.
Talent et vision : il faut les deux pour construire un monde meilleur.