Intégré de façon harmonieuse à une polyvalente des années 1970, le centre multisport de Saint-Georges allie lumière naturelle et performance énergétique exemplaire. Bien plus qu’un espace consacré à l’activité physique, il se veut un lieu de vie ouvert et accueillant pour la population locale.
Alors que l’ancienne piscine de Saint-Georges arrivait à la fin de sa vie utile, la polyvalente faisait face à des besoins d’espace grandissants en raison d’un nombre d’élèves en forte augmentation. La Ville et le Centre de services scolaire de la Beauce-Etchemin (CSSBE) ont donc uni leurs efforts pour doter la municipalité d’installations modernes.
Grâce à son nouveau Complexe multisport, Saint-Georges profite désormais d’un gymnase double, d’une piscine semi-olympique et d’un bassin récréatif tout neufs, sans compter quatre salles de classe supplémentaires, reliées à la polyvalente.
« C’était un projet qui était espéré et attendu depuis plusieurs années », rappelle Bianca Doyon, architecte et directrice du service des ressources matérielles au CSSBE.
L’approche du consortium formé par ABCP architecture, Marie-Lise Leclerc Architecte et Bilodeau Baril Leeming Architectes a poussé la vision plus loin. « On voulait consolider les infrastructures sportives et créer un milieu de vie ouvert aux échanges entre les différentes générations en aménageant plusieurs lieux de rencontre et de collaboration, comme l’agora », résume l’architecte associé d’ABCP Michel Veilleux.

Tisser des liens
Marier un bâtiment contemporain à une école construite en 1974 n’est pas une mince affaire. « La polyvalente avait quand même du caractère, avec un basilaire en béton chapeauté par un parement en tôle ondulée », souligne Michel Veilleux.
Arborant du béton au premier étage et un parement d’aluminium au second, le nouveau bâtiment fait écho à l’ancien. Le parement métallique comporte par ailleurs des motifs en angle, tout comme les contreforts en béton de la polyvalente.
Les deux volumes témoignent néanmoins de leur époque respective. « Dans les années 1970, le béton était maître, et les bâtiments, assez fermés sur eux-mêmes et introvertis, raconte l’architecte. On a voulu ouvrir le nouvel édifice sur l’extérieur. » En façade, le béton fait donc place au verre.
Une lumière bienvenue
À l’intérieur, la quantité de lumière naturelle est sans doute la caractéristique qui frappe le plus. « J’ai probablement été traumatisé dans ma jeunesse par les gymnases fermés sur eux-mêmes », lance en riant Michel Veilleux. Les architectes ont cherché à éviter pareille expérience aux élèves de Saint-Georges. « On s’est dit dès le départ qu’on allait mettre le plus possible de fenestration pour rendre le lieu agréable. »
Le consortium a tenu parole : le côté nord se pare de grands pans de verre sans occultation, pour faire entrer un maximum de lumière diffuse. Au sud, en revanche, les larges ouvertures sont recouvertes du parement métallique, qui forme une double peau de résille afin de réduire l’éblouissement et les gains thermiques. Deux immenses lanterneaux coiffent en plus le gymnase et le hall.
Le bois à l’honneur
Dans la zone piscine, le bois est omniprésent. « C’est un matériau exceptionnel pour les milieux humides. Il résiste très bien aux espaces chlorés et reste très stable au fil du temps », indique Michel Veilleux. Un avantage qui s’ajoute à sa capacité de séquestration du CO2 et à son aspect chaleureux. L’architecte est particulièrement fier de la finesse du résultat. « Les poutres sont alignées parfaitement sur les corridors de nage. Ça crée un lien avec la fonction. »
Michel Veilleux et son équipe ont dû rivaliser d’imagination pour que cet alignement traverse l’espace d’un bout à l’autre. « On a des structures de bois avec des portées de 34 m au-dessus du bassin. Or, ces poutres étaient trop longues pour être transportées sur la route. On a plutôt opté pour des poutres de 28 m, soit la longueur maximale pour le transport », explique-t-il.
Grâce à une jonction rigide entre les poutres et les colonnes intermédiaires en acier, la rupture entre les sections est imperceptible. Finement assemblées, les poutres forment des lignes continues qui passent au-dessus des bassins récréatif et sportif ainsi que du hall secondaire, sur une longueur totale de 56 m. L’effet est d’autant plus réussi que l’emplacement des colonnes sert à délimiter les fonctions.
Les architectes ont également mis l’accent sur la performance énergétique du nouveau bâtiment et la performance thermique de l’enveloppe. « Quand on a commencé ce projet, le nouveau Code de l’énergie n’était pas encore en application. On a décidé de l’appliquer malgré tout. L’enveloppe a été optimisée pour réduire les ponts thermiques. On a aussi opté pour du verre triple et augmenté l’isolation », illustre-t-il.
La clé : la collaboration
La qualité du centre sportif tient en grande partie à la collaboration exemplaire entre toutes les équipes ayant participé au projet, estime l’architecte. « On a fait plusieurs rencontres avec les sous-traitants pour les sensibiliser à la qualité voulue. La communication, l’écoute et l’ouverture de tout le monde ont contribué au succès », croit Michel Veilleux.
Aujourd’hui, la Ville peut compter sur des infrastructures de premier plan. « C’est vraiment beau de voir comment les gens s’approprient le bâtiment. Ils s’assoient dans les escaliers-gradins ou se retrouvent dans l’aire de rassemblement », s’enthousiasme Bianca Doyon. Michel Veilleux abonde dans le même sens. « C’est un véritable lieu d’échange. Comme le dit le maire, on a donné un effet wow à Saint-Georges. »
Photos : Stéphane Groleau
Illustration : ABCP architecture en consortium
avec Marie-Lise Leclerc Architecte et Bilodeau Baril Leeming Architectes
Commentaires du jury
Les architectes ont réussi à simplifier le volume de l’enveloppe externe d’un bâtiment qui comporte plusieurs programmes, une entreprise qui, en soi, s’avère un défi considérable. Ce projet se distingue également sur les plans environnemental et social, constituant un exemple pour ce type d’édifice en région.

- Année de livraison 2023
- Emplacement Saint-Georges
- Client Centre de services scolaire de la Beauce-Etchemin (CSSBE) et Ville de Saint-Georges
- Architecture ABCP architecture en consortium avec Marie-Lise Leclerc Architecte et Bilodeau Baril Leeming Architectes
- Entrepreneur Les constructions Binet
- Ingénierie civile et structure EXP
- Ingénierie électromécanique consortium WSP Canada et Tetra Tech
- Architecture de paysage ABCP architecture en consortium avec Marie-Lise Leclerc Architecte et Bilodeau Baril Leeming Architectes
- Acoustique Yockell Associés
- Systèmes multimédias Go Multimédia
- Signalisation Bélanger
- Mise en service Altanergy Groupe