La métamorphose de l’Insectarium de Montréal a été l’occasion idéale d’en repenser les accès. La firme Pelletier de Fontenay a donc conçu un pavillon d’accueil qui joue un rôle de point de repère tout en se fondant dans le paysage.
L ’image de la ruine ensevelie sous la nature des jardins anglais des 18e et 19e siècles a été l’idée maîtresse dans ce projet. Nous voulions en quelque sorte dématérialiser le bâtiment, l’éloigner du langage architectural commun », explique Yves de Fontenay, architecte et associé chez Pelletier de Fontenay.
Situé à la jonction du parc Maisonneuve, de l’Insectarium et du Jardin botanique, le nouveau pavillon d’accueil permet de mieux relier ces trois lieux. Il sert de point de repère aux passants et passantes, qui peuvent y acheter un billet pour l’un des musées d’Espace pour la vie ou tout simplement y obtenir des informations.
Pour produire l’effet « ruine ensevelie », les architectes ont revêtu le pavillon d’acier Corten déployé, c’est-à-dire ajouré. Cette deuxième peau fait office de treillis et permet aux plantes de grimper sur la structure. « Des vignes ont été plantées à la base de la fondation pour laisser la nature habiter l’espace, pour créer un effet de symbiose entre le parc et le pavillon », précise Yves de Fontenay.
« Ce clin d’œil est en quelque sorte une analogie montrant que la nature prend sa place dès le début, qu’elle est à l’avant-plan, faisant écho à la vocation de l’Insectarium et des grands parcs », poursuit-il. Cette vision qui permet d’aller au-delà des simples aspects fonctionnels et durables, souvent associés aux bâtiments de parc, a séduit le client.
« On sentait que l’équipe d’architectes avait une réelle volonté de pousser plus loin la réflexion sur l’esthétisme du lieu, sur l’expérience de l’usager et, point important pour nous, sur l’intégration à la nature », indique Marianne Blondeau, architecte paysagiste au Service des grands parcs, du Mont-Royal et des sports de la Ville de Montréal.
« Le fait que les architectes faisaient partie du consortium ayant participé à la métamorphose de l’Insectarium a aussi été un avantage, puisqu’ils avaient une bonne connaissance de l’expérience des usagers », note Mylène Gazaille, architecte paysagiste au même service.
Brouiller les frontières
La forme triangulaire du pavillon contribue à son intégration, relève Yves de Fontenay. « Cette forme adoucit les frontières avec son environnement, puisqu’il n’y a ni devant ni derrière. Comme on ne peut pas lire les façades, cela permet d’approcher le bâtiment de tous ses côtés. Ainsi, le pavillon s’intègre plus naturellement dans le paysage. » Le toit carré posé sur la structure ajoute à cette impression, en plus de créer de généreux débords pour s’abriter du soleil ou de la pluie.
« Les architectes avaient également une réelle volonté de connecter l’intérieur des lieux avec leur environnement », souligne Marianne Blondeau. L’acier Corten posé au plafond se prolonge donc à l’extérieur, sous les débords de toit. Le scénario se répète avec le plancher de béton. De grandes portes coulissantes, conçues pour rester ouvertes et laisser place à l’aération naturelle quand la température le permet, participent aussi à cette continuité entre intérieur et extérieur.
Pour que la magie opère, une foule de détails ont dû être peaufinés. « C’était tout un défi de construire un bâtiment fonctionnel et élégant dans le paysage, sans que des éléments du système mécanique, comme les sorties d’aération, soient apparents. Tout se passe derrière le métal déployé », décrit Marianne Blondeau.

La plus simple expression
« Malgré son apparente simplicité, c’est un projet qui s’est avéré très complexe sur le plan technique, tant pour la structure que pour l’enveloppe de Corten. Dès qu’on sort des sentiers battus, tout doit être fait sur mesure », fait valoir Yves de Fontenay. Ce qui a demandé tout un savoir-faire, ne serait-ce que pour poser un grand toit carré sur une structure triangulaire. « Pour supporter un carré qui flotte, on installe généralement des colonnes sur tout le périmètre, mais nous voulions absolument éviter cela. Le toit est donc construit en porte-à-faux, ce qui a nécessité qu’il soit surdimensionné. »
Le projet a été mené avec le souci d’affecter le moins possible la nature environnante. Ainsi, la forme compacte du pavillon a permis de conserver tous les arbres matures présents sur le site.
Autre défi ? « Il a vraiment fallu concilier les besoins de tous les intervenants au dossier, ce qui était assez complexe vu le nombre d’interlocuteurs », précise Yves de Fontenay. En effet, comme le pavillon est situé dans le parc Maisonneuve, il relève du service des grands parcs de la Ville. Or, il s’agit du point d’entrée de l’Insectarium, qui fait plutôt partie d’Espace pour la vie.
Aujourd’hui, le pavillon d’accueil joue bien son rôle de repère tout en s’intégrant à l’espace vert comme « un objet structural ou paysager ».
« Un peu comme la nature, le bâtiment est amené à se modifier au fil des années. L’acier Corten change de couleur avec le temps, mais aussi sous l’effet des éléments comme la pluie. C’est la même chose pour les vignes, qui prennent une apparence différente au gré des saisons », expose l’architecte.
Bref, le pavillon se veut un lieu où nature et architecture se rencontrent.
Photos : James Brittain
Illustration : Pelletier de Fontenay

Commentaires du jury
Sans voler la vedette au paysage, cette construction pavillonnaire joue un rôle de point de repère grâce à sa forme étudiée et à sa toiture surdimensionnée. Un projet simple, d’une humilité éloquente, où l’architecture se fond dans la nature.
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