Prix d'excellence en architecture, catégorie Bâtiments commerciaux et industriels (ex-æquo)
Construire une centrale électrique parmi les pavillons de l’Université McGill, qui plus est sur le site patrimonial du Mont-Royal, représente un réel défi d’intégration architecturale. Il a été relevé par la firme Les architectes FABG, qui a imaginé un bâtiment habillé de murs de verre et coiffé d’un toit végétalisé.
C’est au tournant des années 2010 que l’Université McGill a lancé le projet de construction de ce bâtiment pour abriter trois génératrices de 1,5 MW alimentées au gaz naturel. Celles-ci devaient permettre aux chercheurs de poursuivre leur travail en cas de panne d’électricité ou pendant les périodes de consommation élevée, en remplaçant une génératrice mobile qui fonctionnait au diesel.
L’établissement tenait par ailleurs à ce que cet ajout s’intègre harmonieusement dans son campus, situé sur le flanc sud du mont Royal.
« On ne voulait pas un bâtiment avec quatre feuilles de tôle, se souvient le directeur de la gestion des services d’utilité et de l’énergie de l’Université McGill, Jérôme Conraud. Ce pavillon ne devait pas accueillir le public, mais on voulait qu’il montre l’exemple en termes de développement durable. »
Les décisions entourant la conception du bâtiment et l’aménagement extérieur ont ainsi été prises dans le dessein de maintenir la qualité de l’environnement, voire de la rehausser.
Naviguer dans la complexité
Il se sera écoulé six ans entre les premières esquisses, réalisées par Les architectes FABG, et le début des travaux de construction. Le processus a dû suivre le rythme de nombreuses discussions menées avec la Ville de Montréal et le ministère de la Culture et des Communications du Québec – qui devaient approuver les plans en raison du caractère patrimonial du site choisi.
« Il fallait être ouvert au dialogue », se rappelle, sourire en coin, l’architecte associé de la firme Les architectes FABG, Éric Gauthier.
Au-delà de l’aspect réglementaire, les complexités techniques ne manquaient pas. La centrale devait être construite sur un terrain abandonné de l’avenue du Docteur-Penfield ayant une forte dénivellation, et on prévoyait un porte-à-faux pour sa partie arrière. Les ingénieurs en structure de l’entreprise CIMA+ ont été appelés en renfort.
En fin de compte, le bâtiment est soutenu par de grandes poutres triangulées, qui contribuent aussi à son caractère esthétique, souligne Éric Gauthier.
L’érection de murs de verre a été préconisée afin que la centrale électrique puisse s’intégrer au campus de l’université. Cette décision a été mise à rude épreuve en raison de la nécessité d’installer des grilles de ventilation pour assurer la circulation d’air. Les architectes ne voulaient pas qu’une façade grise assombrisse le bâtiment. Pour maintenir sa transparence, ils ont plutôt disposé un plénum de ventilation sous l’étage supérieur. Ainsi, à l’arrière, tout juste au-dessus d’un entrepôt situé au bas de la pente se trouve un espace grillagé qui permet à l’air de la centrale électrique de se renouveler.
Les détails qui font la différence
Pour faire un clin d’œil aux vénérables pavillons en pierre grise de l’université, la centrale électrique a été déposée sur un socle de calcaire. L’aménagement paysager et l’installation d’un toit végétalisé lui ont en outre permis de mieux s’intégrer au panorama de la montagne. On a aussi ajouté un escalier pour faciliter les déplacements piétonniers entre le haut et le bas du campus.
Construite au coût de 11,7 M$, la centrale a été mise en service au printemps 2019. Éric Gauthier considère comme un luxe la très longue réflexion dont elle a fait l’objet avant de produire ses premiers mégawatts. Si les discussions ont parfois été fastidieuses, elles ont aussi permis d’enrichir la conception. « Si on profite de toute l’énergie, de toute l’expérience et de toute la bonne volonté des gens autour de la table, on peut faire un meilleur projet », conclut-il.

Centrale électrique de l’Université
McGill, Montréal, Les architectes FABG
Image : Les architectes FABG
EMPLACEMENT : Montréal
CLIENT : Université McGill
ARCHITECTES : Les architectes FABG
INGÉNIERIE : Structure : CIMA+ ; Mécanique, électricité : BPA
ARCHITECTURE DE PAYSAGE : WAA
Commentaires du jury
Ce projet a fait une forte impression sur le jury, qui a estimé remarquable qu’une infrastructure destinée à abriter un trio de groupes électrogènes d’urgence fasse l’objet d’un traitement architectural d’une telle finesse. Le projet se caractérise par une implantation habile sur un site complexe, par sa participation à la trame urbaine serrée du secteur et par son inclusion dans l’arrondissement historique et naturel du Mont-Royal. Cette réalisation réfléchie, fruit d’une collaboration interdisciplinaire exemplaire, relève avec brio le défi d’intégrer un tel programme dans cet endroit atypique. Une source d’inspiration pour l’intégration de tels équipements dans l’espace public.