Collège Durocher Saint-Lambert— Pavillon l’Alinéa et le Cœur

Comment former les élèves pour l’avenir ? En concevant des lieux qui sauront s’adapter aux besoins d’aujourd’hui et de demain. C’est ce qui a guidé le Collège Durocher Saint-Lambert dans la rénovation de ses locaux et dans la réalisation d’une annexe consacrée à l’innovation, un projet qui porte la signature de l’Atelier Pierre Thibault.

Par Anne-Marie Tremblay

Photos : Maxime Brouillet

Élevage de grillons. Création d’un jeu de société. Séance d’idéation avec des agences de publicité. Dans la dernière année, plus d’une soixantaine de projets ont vu le jour au cœur de l’Alinéa, un tout nouveau bâtiment constituant une annexe du Collège Durocher Saint-Lambert, une école secondaire privée comptant près de 2300 élèves. Cet espace a justement été conçu pour devenir un écosystème d’innovation permettant de relier les élè­ves, la communauté et le milieu profes­sionnel, explique Francis Roy, directeur général de l’établissement.

Un café, une agora, une serre, un salon VIP et trois pôles d’innovation destinés au développement durable, au numérique ainsi qu’à la créativité et à l’entrepre­neuriat composent ce nouveau bâtiment. « Nous nous sommes demandé comment former le citoyen de demain, dit le directeur général. Ce pavillon permet d’inviter des experts à faire part de leur expérience à nos élèves. D’autres fois, ce sont des organismes sans but lucratif qui s’y installent en résidence temporaire pour que nos élèves puissent les aider. »

« C’est très épuré, ouvert et moderne », poursuit Francis Roy. En plus, les traditionnels pupitres ont laissé la place à des espaces de travail collaboratifs, des corridors avec alcôves, banquettes et petites tables, des sofas, des gradins sur roulettes, des plafonds hauts et de grandes fenêtres. « Nous avons créé des classes décomplexées, qui n’ont pas un usage particulier et attitré », explique Mathieu Leclerc, architecte et chargé de projet. Ainsi, les lieux sont adaptables et peuvent se moduler au gré des besoins.

La lumière du jour baigne l’intérieur, mais sans jamais éblouir, car la course du soleil a été analysée à plusieurs moments de l’année pour s’assurer que les ouvertures sont placées au bon endroit, précise-t-il. « La lumière du jour dans les locaux est donc principalement indirecte, ce qui la rend très confortable pour la fonction des espaces (lecture, écriture, collaboration, cours magistraux, conférences, etc.). » 

« Dans ce projet, nous voulions aussi maximiser l’utilisation du bois, pour que les espaces soient chaleureux, que les lieux ressemblent à une grande maison », ajoute l’architecte. En plus d’exposer les poutres et les colonnes, on a installé au plafond des lamelles de bois, dont certains murs sont également recouverts.

Or, le Code de construction du Québec restreint l’utilisation du bois d’œuvre et des matériaux combustibles dans les écoles, autant pour les finitions que pour la structure. L’équipe a donc sollicité l’expertise d’une firme-conseil spécialisée en codes et normes, GLT+, pour « profiter au maximum des limites que le Code nous permettait ».

Réalisé en deux phases, le projet a d’abord permis de rénover la façade du pavillon Durocher ainsi qu’un ancien auditorium situé tout près de l’entrée. « Nous avons commencé par éclater ce lieu, qui est vraiment à la croisée des chemins, pour en faire celui où les étudiants peuvent manger ensemble, échanger, organiser des ateliers, etc. », explique Mathieu Leclerc. Sombre et peu utilisé auparavant, l’espace a été transformé en une salle multifonctionnelle modulable, avec gradins qui se déplacent et petites maisonnettes de travail. Appelé le Cœur du collège, le lieu a rapidement été adopté par les élèves et le personnel enseignant.

Pour créer de la hauteur, trois classes situées au-dessus de l’auditorium ont été éliminées. Décloisonné, ce lieu est maintenant baigné de lumière naturelle. « Quand les jeunes sont installés dans le gradin du fond, ils ont une vue directe sur l’entrée du collège et son mur rideau, explique Mathieu Leclerc. Cela vient accentuer le contact avec l’extérieur, qui a été réaménagé en grand parc. »

Cette première étape a donné le ton à la suite, dit l’architecte. « L’Alinéa est découpé en trois pôles qui s’ouvrent sur d’immenses terrasses extérieures protégées par les débords du toit. Il suffit d’ouvrir les portes coulissantes pour créer un prolongement de l’espace vers l’extérieur. » Deux classes en plein air ont aussi été ajoutées, et le terrain de l’école, transformé en espace vert avec sentiers et bancs, est accessible à la communauté.

Si la population a vite adopté ce parc,  la réaction enthousiaste est aussi palpable au sein du collège. « Dès qu’on entre dans l’Alinéa, on se sent apaisé, dit Francis Roy. Tant les élèves que les membres de l’équipe-école s’y sentent bien et se sont approprié l’endroit. Les lieux incitent à la collaboration, à faire les choses autrement, parce que l’environ­nement est ainsi réfléchi. »