Prix d'excellence en architecture, catégorie Bâtiments institutionnels publics
Avec ses volumes anguleux qui semblent en mouvement, le nouveau complexe sportif de Saint-Laurent fait bien plus qu’accueillir les athlètes du quartier. Il redonne un souffle architectural puissant à un secteur central de l’arrondissement montréalais.
L’arrondissement avait décidé d’organiser un concours d’architecture, et cela ne tenait pas du hasard : la formule y avait déjà fait ses preuves. « Nous avions connu un franc succès avec la bibliothèque du Boisé, issue d’un concours, dont la présidente du jury était Lise Bissonnette, et nous voulions ajouter un autre bâtiment de qualité pour bonifier le quartier », explique le maire de Saint-Laurent, Alan DeSousa.
La firme Saucier + Perrotte, en consortium avec HCMA, a remporté ce concours, dont le jury a cette fois été présidé par le célèbre journaliste et commentateur sportif Richard Garneau avant sa mort en 2013.
Le site du complexe sportif s’insère entre une école secondaire et un aréna, deux édifices plutôt plats. Les architectes ont pris le parti de l’audace formelle en créant une construction plus dense, bien visible à partir du boulevard Thimens. Cette approche rejoignait la volonté de l’arrondissement de moderniser ce secteur, où se côtoient plusieurs bâtiments municipaux datant des années 1970.

Image : Saucier + Perrotte et HCMA
Une superposition originale
« De là a germé l’idée de superposer les gymnases et la piscine pour donner plus de volume à l’ensemble, explique Gilles Saucier, l’un des associés principaux de la firme d’architectes. C’est une approche assez inhabituelle, puisqu’en général, les concepteurs de telles installations ont plutôt tendance à les juxtaposer au sol, horizontalement. »
Le complexe se compose de deux volumes angulaires. La piscine et les gymnases occupent la première aile, recouverte d’une enveloppe prismatique, blanche et diaphane formée de panneaux métalliques et de verre sérigraphié. La transparence du vitrage y est modulée pour des raisons tant esthétiques que fonctionnelles : la partie supérieure, plus opaque, bloque les rayons solaires pour empêcher l’éblouissement des usagers et la surchauffe, tandis que la partie inférieure, plus transparente, laisse entrer la lumière naturelle et offre aux baigneurs des vues sur l’extérieur.
Les architectes ont laissé la structure d’acier apparente, plutôt que de la dissimuler dans un mur. Or, cette approche augmentait légèrement les coûts. En effet, puisque cette partie de l’ensemble comporte deux étages, la structure d’acier a dû être recouverte d’une peinture ignifuge intumescente (qui gonfle sous l’effet de la chaleur) afin de respecter les exigences de sécurité incendie. En revanche, le choix d’une structure apparente s’est révélé rentable sur le plan esthétique.

Transcender la fonction
La seconde aile, de couleur plus sombre et de forme plus horizontale, abrite le terrain de soccer. Son enveloppe se compose de feuilles de métal noir. Par ce contraste avec la première aile, les architectes souhaitaient exprimer la vitalité de l’activité humaine qui se déroule dans le complexe. « Les deux volumes semblent bouger l’un par rapport à l’autre, ce qui donne une impression de pulsation », précise Gilles Saucier.
Depuis son ouverture, le lieu est très fréquenté et fort apprécié des usagers. L’esthétique du bâtiment se démarque, et Gilles Saucier est fier de l’accueil favorable que la population de Saint-Laurent comme la communauté architecturale ont réservé au projet. « L’architecture est un art. Elle sert à transcender la fonction et à créer un environnement. C’est ce que nous avons réussi à accomplir », souligne-t-il. Il loue par ailleurs la collaboration exceptionnelle d’Alan DeSousa et son intérêt sincère pour l’architecture, qui ont favorisé la réussite du projet.
« Cette œuvre architecturale nous entraîne vers le ciel et représente une vraie signature pour le quartier, se réjouit le maire de Saint-Laurent. C’est un legs important pour les générations à venir. De futurs champions olympiques y feront peut-être même leurs premières armes ! »
EMPLACEMENT : Montréal
CLIENT : Ville de Montréal
ARCHITECTES : Saucier + Perrotte en consortium avec HCMA
INGÉNIERIE : SNC-Lavalin
ARCHITECTURE DU PAYSAGE : Claude Cormier + Associés
Commentaires du jury
Fruit d’une étude formelle finement menée, ce projet de complexe sportif comprend notamment piscines, gymnases, palestre et terrain de soccer. Il se distingue par la puissance d’expressivité de ses deux volumes obliques aux teintes fortement contrastées, en dialogue avec leur environnement urbain. Ce geste audacieux au regard du programme s’allie à une étonnante simplicité constructive, pour un rendement exceptionnel combiné à une heureuse économie d’efforts. L’ensemble, aux qualités sculpturales indéniables, crée des espaces attirants et vivifiants, baignés de lumière naturelle. L’architecture incarne avec tonus les ambitions du projet et encourage les citoyens à adopter un mode de vie sain et actif.
Finaliste
Le Centre régional intégré de cancérologie de l’Hôtel-Dieu de Lévis, Jodoin Lamarre Pratte architectes, DMG architecture et GLCRM architectes