Prix d'excellence en architecture 2021, catégorie Bâtiments et ensembles résidentiels de type multifamilial
Au terme d’une véritable métamorphose, les Habitations Saint-Michel Nord font la preuve que le logement social peut se réinventer pour devenir un milieu de vie animé, où il fait bon vivre. Coup d’œil sur une réalisation aussi colorée qu’inspirante.
La firme qui signe cette réalisation, Saia Barbarese Topouzanov architectes (SBTA), aime donner de la couleur aux bâtiments sur lesquels elle intervient. Elle est ainsi connue pour avoir collaboré avec Tétreault Parent Languedoc et associés et Ædifica à la façade multicolore du Palais des congrès de Montréal.
Le projet qui remporte cette année le prix d’excellence de l’OAQ dans la catégorie Bâtiments et ensembles résidentiels de type multifamilial présente lui aussi une palette bien particulière. Un dégradé de couleurs terre donne une impression de mouvement sur les différentes façades de brique, et les escaliers en colimaçon reprennent les mêmes teintes. Cet effet chromatique symbolisant l’espoir est l’idée de Vladimir Topouzanov, architecte associé de SBTA, qui s’est inspiré ici des œuvres de l’artiste franco-vénézuélien Carlos Cruz-Diez.
Mais la facture esthétique des Habitations Saint-Michel Nord, à Montréal, ne représente qu’un aspect de ce vaste projet qui avait pour but la réfection d’un ensemble résidentiel.
Un demi-siècle de logement social
Situées dans l’est de l’arrondissement montréalais de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, les Habitations Saint-Michel Nord ont été construites en 1972, trois ans seulement après la création de l’Office municipal d’habitation de Montréal (OMHM). Elles faisaient alors partie d’un vaste chantier qui visait à équiper la ville de plus de 8000 logements sociaux.
Selon Dino Barbarese, architecte associé chez SBTA et chargé de projet, l’architecture de l’ensemble d’origine, signée Philip Bobrow, « avait été bien réfléchie, mais elle correspondait à une réalité révolue ».
L’un des changements souhaités par les locataires et par l’OMHM, le maître d’ouvrage, était l’élimination des entrées en ciseaux qui, au fil des ans, étaient devenues des repères de délinquance. « Cet élément architectural était typique des années 1970, mais il avait mal vieilli. Certains locataires avaient peur deces lieux et les contournaient », explique l’architecte.
Il s’agissait aussi de dépouiller le complexe résidentiel de ses briques ternies et de ses façades en béton, qui lui donnaient un air austère et désuet. À l’intérieur, les logements étaient vétustes et nécessitaient d’importantes rénovations. C’est ainsi qu’en 2015, l’OMHM a lancé cette revitalisation, au coût de 54 M$.
Repartir à zéro
Pour y arriver, il a fallu déplacer temporairement 165 ménages pendant la reconstruction d’un total de 182 logements, qui ont été dotés de fenêtres plus hautes, d’un aménagement traversant propice à l’aération naturelle et de balcons en saillie plutôt qu’en loggia.
Les architectes ont aussi désenclavé le site en implantant en plein cœur du complexe une rue partagée, où les piétons et les cyclistes ont priorité sur les véhicules motorisés.
La réfection des Habitations s’est en outre déroulée dans le respect de la végétation environnante. Les nombreux arbres matures qui bordent la 25e Avenue et qui faisaient partie de l’aménagement paysager d’origine ont été préservés.

Habitué à travailler avec l’OMHM, Dino Barbarese a particulièrement apprécié sa collaboration avec l’organisme dans ce mandat qu’il qualifie de marquant. « Nous avons rarement réalisé un projet de cette envergure avec si peu d’obstacles. Tout le monde semblait y croire, et le résultat est formidable. » L’architecte se dit fier d’avoir pris part à la revitalisation de ce quartier et à donner un logement de meilleure qualité à quelque 600 personnes.
Regain de vitalité
La rue partagée et les placettes concourent aujourd’hui à susciter un sentiment d’appartenance, voire de fierté, chez les résidentes et résidents. En plus de loger des ménages à faible revenu, le complexe abrite des organismes communautaires et une halte-garderie. L’actualisation de ces immeubles profite ainsi non seulement aux locataires, mais à tout le quartier. l

Commentaires du jury
Les architectes qui signent cette réhabilitation ont su cibler leurs interventions afin de bonifier significativement les espaces publics. L’aménagement d’une rue centrale partagée désenclave les îlots et les relie à la trame urbaine, tandis que l’ajout d’escaliers dynamise les relations entre les logementset les espaces extérieurs,dans l’esprit des ruelles montréalaises. Les jeux chromatiques de la maçonnerie et des escaliers contribuent à l’animation des lieux et brisent la monotonie d’autrefois. Cette réhabilitation enrichit lesliens entre les logements et leur environnement tout en élevant le sentiment desécurité du milieu.
EMPLACEMENT
Montréal
MAÎTRISE D’OUVRAGE
Office municipal d’habitation de Montréal (OMHM)
ARCHITECTES
SBTA inc. : Dino Barbarese, chargé de projet, Vladimir Topouzanov, chargé de conception
ARCHITECTURE DU PAYSAGE
Vlan paysages
INGÉNIERIE
Mécanique et électrique : Ædifica
Structure : Cima+
Finalistes
Village WVW
Commentaires du jury
Le souci d’intégrer avec sobriété les volumes et les façades dans la trame urbaine et celui de créer des logements traversants de qualité rendent ce nouvel ensemble remarquable.

Maisons Outremont
Commentaires du jury
Ce projet aux typologies généreuses, dont témoignent les vastes terrasses et la nouvelle cour, offre une contribution significative au milieu dans un langage maîtrisé.
