Maison Jeanne-Mance

Derrière la façade traditionnelle d’un duplex de la rue Jeanne-Mance, à Montréal, se cache une demeure familiale singulière où la fonctionnalité s’allie à l’originalité.

Par Benoîte Labrosse

Photos : Maxime Brouillet

Valérie Zaphiratos et Félix Robitaille souhaitaient troquer leur condo pour une maison familiale à la fois confortable et hors norme. « Nous désirions créer un environnement exceptionnel où le beau et le bien construit se marieraient avec la fonctionnalité, mais sans que ça devienne un musée », résume ce dernier.

Le couple a confié cette mission à la Shed architecture avant même de connaître sa future adresse. L’architecte associé et cofondateur Sébastien Parent a ainsi pu visiter le duplex à transformer avant son achat afin de « confirmer son potentiel par rapport aux besoins exprimés [par les propriétaires] ».

Au-delà du garage double, le couple ne voulait surtout pas manquer de place. « Initialement, Valérie imaginait un peu plus grand, mais nous avons trouvé des façons d’utiliser 100 % de l’espace sans trop agrandir, mentionne l’architecte. Nous avons ajouté un sous-sol, ce qui augmente la superficie sans impact sur les voisins. » Si son creusage représentait un défi, il a été surmonté haut la main par les entrepreneurs. « Ce sont des gens talentueux et passionnés qui n’ont pas eu peur de relever des défis; c’est aussi grâce à eux que nous sommes arrivés à ce résultat. »

L’idée d’excaver un tunnel entre le garage et la maison a été refusée par l’arron­dissement du Plateau-Mont-Royal. Le plan B pour l’entrée arrière, une cour anglaise végétalisée dont l’escalier de pierre chauffant ceinture un spa, est finalement une « grande fierté » des architectes. « Avec les roches sciées juste devant la vitre du sous-sol, c’est assez sculptural », estime Sébastien Parent.

Cette entrée lumineuse – devenue la plus utilisée – est surtout très fonctionnelle, puisqu’elle donne, au sous-sol, sur un vestiaire (mudroom). Ce dernier, une exigence des propriétaires, ne pouvait pas être situé à l’étage principal en raison de l’aire ouverte. « En le mettant au sous-sol, il s’intègre au parcours architectural quand on arrive par le garage. »

Le jardin intérieur vitré constitue un véritable cocon. « Quand le ginkgo est arrivé au centre du bâtiment “par le ciel”, c’était tout un défi, se souvient l’architecte. Mais le résultat est magnifique ! » La famille est ravie de voir l’arbre évoluer selon les saisons à travers les multiples percements intérieurs. « Il y a une vie ludique dans cette maison, se réjouit le père de trois enfants. Les jeux de lumière et de points de vue possibles continuent de me fasciner. »

Dès leur premier matin sur place, Valérie Zaphiratos a été frappée par la vue de la salle de bain des maîtres, où une fenêtre encadre parfaitement les deux sapins de la ruelle. « Comme si tu étais dans un spa en nature ! » Une ambiance qui s’étend au reste de la demeure. « J’ai vraiment pu profiter de l’espace durant mon troisième congé de maternité, souligne-t-elle. Comme c’est lumineux et agréable, je m’y sentais très zen. »

« Pendant la construction, nous avons aussi saisi des occasions qui ont raffiné le produit final, autant d’un point de vue architectural que fonctionnel », fait remarquer Félix Robitaille, en citant les planches de pruche qui recouvrent certains murs du sous-sol. Des ajustements rendus possibles par la compétence et l’attitude positive des entrepreneurs, insiste l’architecte.

En plus de piquer la curiosité des nombreux enfants du voisinage, la demeure modernisée a incité plusieurs propriétaires des alentours à procéder à diverses rénovations. « Je crois que ça a éveillé leur désir d’améliorer l’environnement dans lequel nous vivons », avance Félix Robitaille.