Prix d'excellence en architecture, catégorie Bâtiments et ensembles résidentiels de type multifamilial (ex-æquo)
Laurent McComber et son équipe exercent leur profession depuis plus d’un an dans des locaux dont ils sont à la fois les concepteurs, les usagers et les propriétaires. Mais ils ne sont pas seuls : l’association de la firme avec l’entrepreneur général Nicolas Rasselet a donné naissance à un audacieux bâtiment à usage mixte de 1100 m2 pouvant accueillir plusieurs familles au sein de La Petite-Patrie, à Montréal.
Comment un petit cabinet d’architectes peut-il posséder ses propres bureaux dans la métropole malgré l’augmentation constante des coûts immobiliers ? C’est la question qui taraudait Laurent McComber depuis la fondation de sa firme en 2005. La réponse s’est matérialisée à l’ancienne Maison du Rotin, rue Saint-Hubert, une institution de l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie dont le propriétaire souhaitait vendre le terrain et le bâtiment.
Lorsque l’architecte et fondateur de L. McComber – architecture vivante a fait appel à Nicora, l’entreprise de Nicolas Rasselet, pour discuter des coûts de rénovation, l’entrepreneur et promoteur lui a plutôt conseillé de démolir pour reconstruire à neuf, l’immeuble étant en très mauvais état. « Le projet est alors devenu beaucoup plus ambitieux que l’idée de départ », dit Laurent McComber.
En plus d’accueillir les bureaux de la firme depuis janvier 2019, le nouveau bâtiment abrite en effet un autre espace commercial, occupé par l’organisme Écohabitation, ainsi que quatre maisons de ville aménagées sur trois étages, deux penthouses et deux studios. Une disposition plutôt inusitée dans ce quartier où les promoteurs se limitent souvent à construire de petits logements.
Un bâtiment signature
Nicolas Rasselet était heureux d’aider Laurent McComber à réaliser le rêve de créer et de posséder son nouvel atelier d’architecture. « Plusieurs versions du projet intégrant cette volonté ont été mises sur la table pour trouver le bon équilibre entre rentabilité et richesse architecturale, explique le promoteur. L’idée m’est venue de développer un projet autour de la signature de l’architecte, un peu comme un artiste signe son parfum. »
Les deux partenaires ont consacré beaucoup de temps à la conceptualisation et à la planification. « Quand est venu le moment de bâtir, quasiment tous les problèmes avaient été résolus. On savait exactement où on s’en allait », ajoute Nicolas Rasselet.
Mais tout projet de construction en milieu urbain comporte son lot de contraintes. Ici, il fallait composer avec la mixité des usages et l’emplacement, une artère commerciale dont on voulait éviter d’entraver la circulation durant les travaux. L’entrepreneur général a ainsi proposé une charpente usinée afin d’accélérer le montage de la coquille, de minimiser les livraisons de matériaux et de réduire la quantité de déchets.
La cour centrale a également donné du fil à retordre aux équipes, notamment le revêtement mural en acier. « Au début, nous avions prévu des longueurs de 45 pieds (13,7 m) pour les feuilles d’acier. Mais nous nous sommes rendu compte de la complexité de l’installation dans un espace aussi restreint. Nous avons donc réduit les longueurs en fonction de la distance entre les paliers, pour faire en sorte que l’effet de continuité demeure. Pareillement, pour les coursives et les escaliers en acier, nous avons opté pour un assemblage par sections, un peu comme un jeu de Meccano », explique Nicolas Rasselet.
Laurent McComber, quant à lui, a dessiné la quasi-totalité du mobilier de ses locaux, ce qui a rendu possibles des innovations telles qu’un système de postes de travail modulaires. « Ça a tellement bien marché qu’on l’a recommandé à l’Ordre des architectes. » Sa firme a en effet récemment signé le réaménagement des bureaux de l’OAQ.
Il se réjouit de pouvoir montrer son travail simplement en invitant ses clients potentiels sur place. « C’est comme une salle d’exposition, cela nous donne une crédibilité supplémentaire », indique-t-il.
Bon voisinage
En plus de son emplacement dans un secteur qui offre de nombreux services de proximité, des commerces aux stations de Bixi, en passant par le métro, le projet se caractérise par une configuration qui encourage les échanges entre les occupants. « Tout passe par la cour centrale, il n’y a pas d’escaliers individuels, ce qui rend le bâtiment très convivial », dit l’architecte.
Le projet s’inscrit d’ailleurs dans un mouvement de renouvellement immobilier de cette portion de la rue Saint-Hubert située juste au sud de la célèbre Plaza – d’où son nom, Off Plaza. « Le bâtiment a comblé un vide architectural dans un secteur prometteur, mais qui était depuis longtemps négligé, affirme Nicolas Rasselet. Son impact se fait sentir : on voit déjà d’autres propriétaires et investisseurs développer de nouveaux projets dans le voisinage. »
Une bouffée d’air frais pour ce secteur de Montréal.
EMPLACEMENT : Montréal
CLIENTS : Nicora et L. McComber
ARCHITECTES : L. McComber –architecture vivante
ENTREPRENEUR GÉNÉRAL : Nicora
COURTIER IMMOBILIER : Jeff Lee, Engel & Völkers Montréal
INGÉNIERIE : Geniex

Off Plaza, Montréal, L. McComber – architecture vivante
Image : L. McComber – architecture vivante
Commentaires du jury
Érigé sur un lot aux dimensions modestes, dans un secteur prometteur de l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie à Montréal, l’ensemble a séduit le jury par sa conception soignée jusque dans les menus détails, de sa façade distinctive à ses éléments de mobilier sur mesure, en passant par sa distribution inventive des logements bordés de coursives qui s’articulent autour de la cour intérieure. Tout en préservant l’intimité des occupants, auxquels il réserve notamment des terrasses privées, l’agencement convivial des espaces invite au dialogue entre voisins et conjugue avec bonheur lieux de résidence et de travail.
Photo : Raphaël Thibodeau