Forte d’une formation multidisciplinaire alliant architecture, urbanisme et design, Dominique Dumont a fait de l’architecture urbaine son domaine de prédilection. Aujourd’hui, elle planifie le développement de quartiers universitaires au sein de la métropole.
Lorsque Dominique Dumont termine ses études, en 1995, les cabinets d’architecture au Québec traversent une crise; il y a très peu de place pour les recrues. Elle choisit donc de faire ses stages obligatoires en partie à l’étranger. Inscrite au tableau de l’OAQ en 2002, elle se dirige d’abord vers la pratique privée, mais son attrait pour les grandes organisations publiques la pousse rapidement à accepter un emploi en planification des installations à l’Université Concordia. Elle est aujourd’hui directrice de la planification stratégique et du développement au sein du même établissement, où elle se consacre surtout à l’élaboration du plan directeur des deux campus.
Variété de projets
À l’époque où Dominique Dumont entre en poste à l’Université, de grands projets sont en chantier, entre autres les bâtiments abritant le Centre de génomique structurale et fonctionnelle, l’Incubateur des sciences appliquées et le Centre PERFORM, consacré à l’étude de l’activité physique et de la nutrition. Durant la même période, l’établissement acquiert aussi quelques propriétés, dont une partie du Faubourg Sainte-Catherine, pour en transformer certains espacesen salles de classe.
« Dans les dernières années, mon emploi consistait à suivre l’évolution des projets, de la préparation des plans et devis jusqu’à la mise en chantier, où un gestionnaire prenait le relais, explique-t-elle. Au fil du temps, j’ai entre autres conçu des propositions d’aménagement, réalisé des études de faisabilité, préparé des documents d’appel d’offres public, suivi la phase de design de certains projets, présenté des demandes de financement et même mené des études de vérification diligente. »

Photo : Université Concordia
En plus de l’équipe de 10 personnes qu’elle dirige, dont 6 architectes, Dominique Dumont est en relation avecde nombreuses personnes-ressources. « Je collabore avec des arpenteurs, des urbanistes, je fais des consultations avecla Ville, parfois j’ai même recours à des avocats. Je consulte aussi la direction des départements et les professeurs. Et je travaille évidemment de concert avec les firmes d’architecture dont nous retenons les services. Bref, mon emploi est loin de ceux qu’on trouve du côté de la pratique privée, mais c’est passionnant de participer à l’élaboration de projets en partenariat avec des gens qui ont des expertises variées et d’avoir des mandats aussi diversifiés. »
Entre histoire et innovation
Au-delà des défis particuliers de chaque chantier, la situation géographique des deux campus de l’Université Concordia ajoute une touche de complexité, puisqu’ils se trouvent dans des secteurs d’intérêt, denses et déjà développés, l’un au centre-ville et l’autre dans le quartier Notre-Dame-de-Grâce. « Les deux campus, qui sont composés de 80 immeubles, sont ancrés dans la ville depuis longtemps, explique Dominique Dumont. Il importe donc de concevoir les projets en fonction des besoins, tout en valorisant l’histoire des lieux et en réfléchissant à leur place dans la ville ainsi qu’à leur valeur patrimoniale, car beaucoup d’immeubles appartenant à l’Université sont intercalés entre d’autres propriétés. On a donc un impact sur la façon dont la ville se développe. »

Photo : Université Concordia
Dominique Dumont perçoit aussi chaque mandat comme une occasion de promouvoir les valeurs de l’établissement tout en repensant les façons de faire. « L’Université valorise l’innovation et vise les meilleurs standards en ce qui a trait au développement durable, à l’accessibilité, à l’inclusion et à l’efficacité énergétique, poursuit-elle. Aujourd’hui, un des défis qu’on rencontre, c’est de décarboner les campus. Et c’est tout un casse-tête ! Par exemple, si une toiture est à refaire, il faut se demander si on peut faire un toit vert. Chaque projet doit donc être à la fine pointe. »
Un secteur de niche
Bien que seulement 17 % des membresde l’OAQ pratiquent dans le secteur public, Dominique Dumont est d’avis que leur contribution est indispensable. « En architecture, on a l’impression qu’il n’y a que les cabinets comme débouchés, mais il y a beaucoup de niches en marge de la pratique privée. Ça prend des architectes pour gérer les projets, car ils ont une vision d’ensemble, une connaissance de la profession et une ouverture aux interactions multidisciplinaires, ce qui est essentiel pour mener à terme d’aussi gros projets. » Dominique Dumont souhaiterait que davantage d’architectes se joignent à des organisations publiques. « Ce sont des emplois stimulants où il y a de gros investissements en jeu et où on a en plus la chance d’avoir un impact direct sur les orientations architecturales de la ville. »

Photo : Université Concordia