Prix d'excellence en architecture, catégorie Bâtiments résidentiels de type unifamilial en milieu urbain (ex-æquo)
Patrice Éthier savait précisément ce qu’il voulait : une habitation qui permettrait à deux familles, la sienne et celle de sa sœur, de demeurer à Montréal. C’est ainsi que La DUETTE, un nouveau duplex de trois étages, s’est installé dans l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie. Pour composer avec les défis de sa réalisation, le client a pu compter sur l’accompagnement de l’architecte Natalie Dionne.
À l’origine, Patrice Éthier cherchait un bâtiment multifamilial à rénover. Les plans ont changé quand il est tombé sur une maisonnette de type Shoebox. « L’emplacement nous convenait, mais la maison était vétuste, raconte-t-il. On a obtenu l’autorisation de la démolir juste avant que l’arrondissement impose un moratoire [sur la démolition et la transformation des Shoebox]. On a ainsi pu construire un duplex mieux adapté à nos besoins. »
La décision de démolir une maison typique du paysage montréalais n’a pas été prise à la légère. « La préservation du patrimoine bâti, c’est important. Mais quand elle est impossible, il y a moyen de faire un projet qui s’intègre respectueusement dans la trame urbaine », soutient Natalie Dionne.
Avec sa forme étroite, La DUETTE se marie en effet au bâti existant composé de duplex alignés de manière uniforme. « L’élément qui la distingue, c’est sa brique de couleur pâle parmi des résidences aux façades pour la plupart de teintes sombres », précise l’architecte. Car si le revêtement de brique, très présent dans le quartier, s’est imposé, l’architecte et son client ont débattu de la couleur. « Natalie proposait une brique blanche alors que je la voulais plus foncée, raconte Patrice Éthier. On a trouvé un compromis en optant pour la couleur sable, qui s’intègre harmonieusement aux autres bâtiments de la rue. »
La modélisation 3D à la rescousse
L’implantation du projet sur un lot étroit a cependant représenté un défi. « Il y avait plusieurs contraintes. Il fallait trouver le moyen de loger deux familles dans un bâtiment tout en longueur en maximisant les sources de lumière naturelle, en plus de créer un espace vert de qualité », explique Natalie Dionne.
Pour y arriver, elle a construit une maquette en 3D. « C’est un outil d’exploration qui a permis de sculpter le bâtiment de façon virtuelle. On a pu déterminer les ouvertures qui offraient la meilleure luminosité et les meilleures vues, de même que la forme la plus intéressante pour le bâtiment. »
La famille de Patrice Éthier occupe le rez-de-chaussée et l’étage. Celle de sa sœur loge au rez-de-jardin, dans un appartement de deux chambres qui s’ouvre sur une cour anglaise paysagée.
Malgré des pièces longues et étroites, la lumière entre en abondance dans les espaces de vie. « Le repli de la façade latérale vers l’intérieur du bâtiment nous a permis d’installer quatre fenêtres qui procurent une grande luminosité. Grâce au travail de recherche avec la maquette 3D, on a pu déterminer le positionnement idéal », explique l’architecte. C’est aussi dans ce retrait qu’on a placé la deuxième entrée, dont les occupants aiment la discrétion. « Dans le peu d’espace qui restait, on a réussi à aménager une étroite cour végétalisée qui entoure le duplex et lie la rue à la ruelle », ajoute Natalie Dionne.
Un parcours du combattant
Obtenir les permis pour construire cette nouvelle habitation a imposé de longues et fastidieuses démarches auprès des autorités municipales. « C’est une étape stressante où le soutien de l’architecte a fait une grande différence, affirme Patrice Éthier. Elle connaissait bien la marche à suivre, ce qui nous a donné la confiance nécessaire pour passer à travers. »
Et comme s’il n’y avait pas assez de défis à relever, alors que s’achevait la construction, un incendie a détruit en bonne partie le bâtiment. « C’était décourageant… Il a fallu reconstruire, ce qui a entraîné un délai de six mois avant de pouvoir enfin emménager », se souvient-il.
L’attente en a valu la peine. Les deux familles habitent leur nouveau logis respectif depuis septembre 2019. « On peut dire aujourd’hui qu’il n’y a pas grand-chose que l’on ferait différemment. La maison répond à nos attentes en matière de design, de confort, de division des espaces et même d’insonorisation », explique l’heureux propriétaire.
Ce duplex, que le frère et la sœur ont baptisé La DUETTE d’après le mot anglais duet, qui signifie duo, joue somme toute un accord parfait.
EMPLACEMENT : Montréal
CLIENTS : Patrice Éthier et Sophia Lormeus
ARCHITECTE : Natalie Dionne Architecture
ENTREPRENEUR : Construction OVI

La DUETTE, Montréal, Natalie Dionne Architecture
Image : Natalie Dionne Architecture
Photo : Raphaël Thibodeau
Commentaires du jury
Le jury s’est laissé charmer par la justesse et l’inventivité de cette résidence conçue au fil d’une réflexion minutieuse. Le bâtiment paré de briques s’inscrit explicitement dans la lignée des petits plex montréalais. Il en repense toutefois la typologie par un minimalisme mesuré et une articulation inédite des espaces destinés à accueillir deux ménages d’une même famille. Malgré quelques réserves quant au traitement de la façade, le jury récompense cet exemple probant d’une pratique d’architecte marquée par un vif attachement au patrimoine bâti et qui sait mettre sa créativité au service de la conception d’espaces où il fait bon vivre. Il a aussi voulu, par cette distinction, encourager la commande de résidences neuves d’une telle qualité.
Finalistes
La Résidence Victoria, _naturehumaine
La maison Louis-Hémon, la SHED architecture