Prix d'excellence en architecture, catégorie bâtiments résidentiels de type unifamilial en milieu urbain (ex-æquo)
Il était une fois un couple tombé amoureux d’une maisonnette du quartier Marconi-Alexandra, à Montréal. Cette Shoebox avait bien besoin de rénovations. Il fallait aussi l’agrandir. Enfin, elle avait pour voisins des garages automobiles, quelques bâtiments industriels et une voie ferrée. Bref, un beau défi pour un architecte.
Hubert Pelletier, associé du cabinet Pelletier de Fontenay, a accepté le mandat : « On aime toujours les projets qui sont sur un site un peu étrange, explique-t-il. Ça nous met au défi. »
Les clients, les comédiens Karine Gonthier-Hyndman et Guillaume Girard, avaient déjà travaillé avec l’architecte pour la rénovation de leur appartement. Ils n’ont donc pas hésité à faire appel à lui pour ce projet de plus grande envergure.
Le cœur de la maison
Dès le départ, il a été convenu de conserver la volumétrie originale du bâtiment.
« On n’avait pas envie de dénaturer la maison, précise Karine Gonthier-Hyndman. On a contacté l’architecte avant même d’en faire l’acquisition pour évaluer la faisabilité du projet. De là est née l’idée d’une addition vers l’arrière et celle d’une cour intérieure. »
L’ajout est détaché du bâtiment d’origine, ce qui a permis de créer une cour intérieure au centre de l’ensemble. Les espaces de vie sont répartis de part et d’autre de ce qui constitue aujourd’hui le cœur de la maison. « Même si on aime l’effervescence du quartier, cette cour nous fait oublier les bruits de la ville, dit Karine Gonthier-Hyndman. Elle est une oasis de calme et de bien-être. Quand on ouvre les grandes portes-fenêtres, elle devient un passage entre le salon et la cuisine qui, elle, s’ouvre sur la cour arrière. À la belle saison, on a l’impression de vivre constamment à l’extérieur tout en étant à l’intérieur. »
« L’addition en fond de lot plutôt qu’en hauteur permet de ne pas briser l’harmonie avec les autres Shoebox du voisinage », ajoute l’architecte.

Photo : Pelletier de Fontenay
Tirer profit des contraintes
Pour la conception, la firme Pelletier de Fontenay a dû composer avec différentes contraintes liées à l’implantation de la maison. Celle-ci ne suivait pas les lignes cadastrales et empiétait de 400 mm sur le terrain voisin. Comme l’agrandissement ne devait pas dépasser la limite de propriété, les concepteurs ont dû créer un décroché du mur mitoyen au nord. C’est là qu’ils ont niché l’escalier vers le sous-sol, qui abrite une salle familiale et la suite des maîtres.
À la limite sud, du côté de la ruelle, il y avait une mince parcelle de terrain inutilisée de forme triangulaire. L’espace était juste assez large pour créer une deuxième entrée vers la maison grâce à l’ajout d’une porte à l’angle du patio. « On a eu la chance que la maison soit située dans le quartier Marconi-Alexandra, qui se prête bien à l’expérimentation. C’est un quartier hétéroclite où les règles d’urbanisme permettent des interventions qui ne seraient pas possibles ailleurs », explique Hubert Pelletier.
En raison des contraintes budgétaires, l’équipe de conception a utilisé une gamme restreinte de matériaux. « Une grande partie du budget est allée dans le vitrage, dit Hubert Pelletier. Comme l’extérieur entre littéralement à l’intérieur, on n’a pas besoin d’en faire beaucoup plus. » Des œuvres d’art appartenant au couple, de nombreux livres et quelques artéfacts ont suffi pour animer les lieux.
La comédienne a particulièrement apprécié sa nouvelle maison pendant le confinement. « Je me pinçais à chaque jour de vivre dans un espace aussi lumineux. Comme j’étais sans travail, j’ai passé beaucoup de temps dans mon jardin. Cette maison a été mon antidépresseur », conclut-elle.
EMPLACEMENT : Montréal
CLIENTS : Karine Gonthier-Hyndman et Guillaume Girard
ARCHITECTE : Pelletier de Fontenay
COLLABORATEUR : Yann Gay-Crosier, chargé de projet
INGÉNIERIE : Structure : Latéral

Résidence Marconi, Montréal, Pelletier de Fontenay
Image : Pelletier de Fontenay
Commentaires du jury
Ce projet de rénovation et d’agrandissement d’une maisonnette de type Shoebox apporte des solutions astucieuses aux questions que pose l’actualisation d’une telle typologie. Avec sa façade de brique blanche et son ajout déployé en fond de lot et en sous-sol, l’intervention accentue et modernise, avec très peu de moyens, le caractère modeste de la construction d’origine, créant ainsi un ensemble très cohérent, empreint de calme et de simplicité. L’intérieur épuré offre des espaces à vivre aériens aux détails délicats, avec des entrées de lumière naturelle particulièrement bien positionnées entre le bâtiment ancien et l’agrandissement ou en puits de lumière percés au-dessus des escaliers. Un projet résidentiel attachant, sobre et efficace.
Photo : Pelletier de Fontenay