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Les architectes, en tant que responsables de la conception d’espaces au service du bien public, doivent veiller à la qualité et à la sécurité des ouvrages qu’ils et elles imaginent. Cela inclut une compréhension rigoureuse des produits et matériaux utilisés, souvent fournis par des tiers. Or cette nécessaire relation avec les fournisseurs est encadrée par des règles éthiques et déontologiques (art. 14, 36, 37, 38 et 41 du Code de déontologie des architectes) visant à préserver l’indépendance professionnelle des architectes et à prévenir les conflits d’intérêts.

La transparence  dans la collaboration

Les architectes ont l’obligation de conserver leur objectivité et leur transparence dans leur choix de matériaux et de fournisseurs. Accepter des avantages d’un fournisseur, que ce soit sous forme pécuniaire ou maté­rielle, peut compromettre l’intégrité professionnelle de l’architecte (art. 14). Par ailleurs, l’article 41 interdit formellement l’acceptation de ristournes ou de tout autre avantage lié à l’exercice de la profession d’architecte.

Maintenir l’indépendance professionnelle

L’indépendance professionnelle des architectes est nécessaire et primordiale. Cela signifie qu’un ou une architecte doit être libre de tout parti pris au moment  de conseiller ses clients et clientes.  Par exemple, quand un fournisseur l’invite à une formation ou à une visite d’usine, l’architecte doit se poser quelques questions clés :

  • La formation ou la visite est-elle ouverte à un large public ou réservée à un groupe restreint de personnes présélectionnées ?
  • Les frais de déplacement ou d’hébergement sont-ils payés par le fournisseur, l’employeur ou le client ?
  • Existe-t-il un risque de favoritisme envers ce fournisseur lors de futurs choix de produits ?

La réflexion éthique : trois critères

Pour évaluer la justesse d’une interaction avec un fournisseur, l’architecte peut s’appuyer sur trois critères :
La transparence : l’architecte serait-il  ou elle à l’aise de rendre publique sa participation à une activité commanditée par un fournisseur ?
L’exemplarité : en participant à une telle activité, l’architecte pourrait-il ou elle servir d’exemple positif et impartial pour ses pairs ?
La réciprocité : si d’autres fournisseurs étaient au courant de cette interaction, se sentiraient-ils lésés par ce traitement préférentiel ?

L’évolution de la déontologie : leçons de la commission Charbonneau

La commission Charbonneau a mis en lumière des pratiques controversées dans l’industrie de la construction, notamment des cadeaux ou voyages offerts à des membres de professions. Bien que de tels comportements demeurent rares, ils rappellent l’importance d’une éthique rigoureuse. Il est donc recommandé aux architectes de privilégier les rencontres dans des contextes neutres et professionnels, comme les conférences ou séminaires, plutôt que lors de repas ou d’événements privés.

Privilégier la neutralité et  le respect de tous les partenaires

Pour ce qui est des sollicitations des fournisseurs, les architectes sont encouragés à maintenir une distance professionnelle,  à faire preuve de discernement et à garantir un accès équitable à tous les fournisseurs potentiels. Cette approche favorise la confiance non seulement du public, mais aussi celle des autres acteurs de l’industrie.

En raison de leur responsabilité envers la société, les architectes doivent intégrer ces principes déontologiques dans leur pratique quotidienne. Cultiver une relation saine avec les fournisseurs, tout en protégeant leur indépendance, permet à la fois de garantir la qualité des projets et de préserver la réputation de la profession.

Cet article est librement inspiré d’un texte de l’Ordre des ingénieurs du Québec intitulé La relation ingénieur-fournisseur : utile, nécessaire et… délicate (revue Plan, juillet-août 2020).