La Société du parc Jean-Drapeau a l’ambition de créer un parc moderne et durable avec son Plan directeur de conservation, d’aménagement et de développement 2020-2030. Mais elle ne fera pas table rase pour autant. La préservation du patrimoine est au coeur de sa démarche.
Le parc Jean-Drapeau, formé des îles Sainte-Hélène et Notre-Dame, témoigne des différentes époques de Montréal. À côté des legs d’Expo 67, le bâtiment de la grande poudrière rappelle la mission militaire de l’endroit au début du 19e siècle. Le Quartier des athlètes et le Bassin olympique évoquent quant à eux la tenue des Jeux olympiques de 1976.
Ce riche passé a guidé le processus d’aménagement, qui s’est amorcé avec une consultation publique au printemps 2018 et dont les travaux devraient être achevés en 2030. « La question patrimoniale s’est rapidement imposée comme une force et un potentiel à exploiter », explique Jonathan Cha, chef d’équipe, aménagement et conservation à la Société du parc Jean-Drapeau (SPJD).
L’approche s’inscrit dans la continuité. « On parle de restaurer les infrastructures, les bâtiments et les aménagements qui ont une qualité et une importance dans l’identité du parc. » L’aspect du maintien des actifs* s’avère primordial, ajoute-t-il. « Il faut intégrer ces éléments dans un parc qui favorise une plus grande inclusivité à travers un agencement contemporain. » La configuration en pente douce des passerelles offrira par exemple l’accessibilité universelle dans pratiquement tous les secteurs du parc.
Nouveaux rôles
En 2018, « nous avons fait l’état des lieux pour bien comprendre le site et ses couches d’histoire, et pour savoir sur quel héritage s’appuyer dans le développement du parc pour la prochaine décennie », explique Jonathan Cha.
Malgré le caractère emblématique du site, l’indice de vétusté physique* des infrastructures du parc se situe à près de 50 %. La SPJD compte le ramener sous les 30 % d’ici 2030. Plusieurs édifices abandonnés jouiront d’une seconde vocation.
« On a déjà démoli la grande majorité des bâtiments et des installations d’Expo 67 durant la décennie 1970. Ce qui reste est devenu le symbole d’un moment important dans la mémoire québécoise, estime Jonathan Cha. Un des principaux enjeux des prochaines années est de trouver une nouvelle utilité pour chaque bâtiment de notre parc immobilier. »
Le chalet de la Plaine des jeux, qui appartient au site patrimonial de l’île Sainte-Hélène, sera notamment ouvert au public avec une aire de détente, illustre Bertrand Houriez, directeur, gestion des projets. Quant à l’ancien pavillon de la Corée d’Expo 67, il fera partie du réseau des pôles mobilité, des lieux d’orientation et de services qui proposent des moyens de transport durable aux entrées du site. La Place des Nations, de son côté, se métamorphosera en agora. Tout le volet architectural du plan a été confié à Réal Paul Architecte.
NIPPAYSAGE, la firme chargée du volet aménagement, a par ailleurs découvert des joyaux en cours de route. « Outre les icônes que les gens connaissent, il y a des trésors cachés et peu accessibles comme les canaux ou le lac des Cygnes », souligne l’architecte paysagiste Pauline Gayaud.
Décloisonner les lieux
L’équipe de NIPPAYSAGE a échangé avec des spécialistes de plusieurs disciplines, allant de la biologie à l’éclairage, en passant par l’entretien, pour mener à bien la transformation du parc Jean-Drapeau.

Sa proposition se décline en trois grands gestes : la liaison des cœurs des deux îles, la promenade riveraine de 15 km et les attaches entre les rives et les cœurs des îles. L’idée est de relier les éléments historiques, patrimoniaux et écologiques de façon continue.
« Les attaches, qu’il s’agisse des passerelles, des belvédères ou des quais, connectent des lieux aujourd’hui divisés, notamment par des stationnements. Elles offrent aussi des expériences inédites, comme un pont du Cosmos piéton », précise Michel Langevin, associé de NIPPAYSAGE.
S’il ne tient qu’à ceux et celles qui travaillent à sa métamorphose, le parc Jean-Drapeau de 2030 sera l’un des plus beaux du monde. « Il assumera son identité insulaire et célébrera les traces de différentes époques, espère Jonathan Cha. Son nouvel aménagement en fera un parc distinctif. »
* Voir « Petit lexique du maintien des actifs ».